
L’accès à PayPal en Tunisie pourrait enfin devenir une réalité. C’est l’objectif d’un projet de loi actuellement en préparation, comme l’a annoncé Rochdi Rouissi, député à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Si cette initiative aboutissait, elle pourrait transformer en profondeur le paysage financier et numérique du pays.
Pourquoi une telle initiative maintenant ? Pour de nombreux entrepreneurs, freelances et acteurs du commerce en ligne, l’absence de PayPal dans sa version complète représente un frein majeur à leur développement. Les restrictions imposées par la Banque centrale compliquent les transactions internationales, limitant ainsi les opportunités économiques. Rochdi Rouissi souligne que le projet de loi vise à lever ces barrières tout en garantissant un cadre réglementaire adapté, équilibrant ouverture du marché et contrôle financier.
L’enjeu est de taille : comment permettre aux Tunisiens d’accéder aux services de paiement internationaux sans compromettre l’équilibre économique et la lutte contre l’informalité ? “Il faut trouver un modèle qui protège l’économie nationale tout en offrant des opportunités aux acteurs du numérique”, explique Rouissi, dans une déclaration accordée à Express FM.
Cela pourrait nécessiter des ajustements à plusieurs niveaux, notamment sur la fiscalité des transactions internationales ou les protocoles de sécurité et de lutte contre la fraude. Si cette initiative suscite un grand intérêt, elle soulève aussi de nombreuses interrogations. Quelles seront les conditions d’accès pour les utilisateurs tunisiens ? Quels mécanismes de régulation seront mis en place pour prévenir l’utilisation abusive du système ? À ce jour, le contenu précis du texte n’a pas été dévoilé, mais son élaboration témoigne d’une volonté politique de moderniser le système financier et d’accompagner l’essor des transactions numériques.
Cette réforme dépasse largement le simple accès à PayPal. Elle s’inscrit dans un projet plus important visant à structurer l’économie numérique tunisienne. Le commerce en ligne, encore peu encadré, souffre d’un manque de protection pour les consommateurs et d’une absence de traçabilité pour les autorités fiscales. En offrant une régulation claire, la Tunisie pourrait non seulement faciliter l’intégration de PayPal, mais aussi attirer d’autres acteurs du paiement digital, renforçant ainsi la confiance dans les transactions en ligne.
Toutefois, entre la volonté politique affichée et l’application concrète de ces mesures, de nombreux défis demeurent. Les débats autour de la loi, ainsi que les arbitrages économiques et politiques qui en découleront, détermineront si cette initiative se concrétisera. La question reste ouverte : cette fois, les Tunisiens pourront-ils enfin accéder à PayPal sans restrictions ? La réponse dépendra des compromis qui seront trouvés pour équilibrer modernisation et stabilité économique.
Salma Kechrid