
Les parutions varient mais ne se ressemblent pas pour Raouf Medelgi, auteur de « Papillon de nuit », recueil de 11 nouvelles captivantes, paru chez « AC éditions ». Concises, les nouvelles racontées prônent des histoires tissées autour de la femme et puisées dans notre société. Cet éventail de 11 histoires courtes reflète la volonté de l’écrivain de varier les genres littéraires, de sortir d’une zone de confort, d’entretenir une écriture, sans cesse changeante. Invité du « Club de lecture à Haute Voix de Hammamet » pour une soirée littéraire ramadanesque le 20 mars 2025 à « Fausse note », le nouvelliste naissant se confie sur son récent écrit.
Vous avez consacré votre premier livre « Bonjour monsieur Bussac » (Edition Arabesques) à la biographie de François G.Bussac, l’écrivain des deux rives. Cette année, vous avez fait paraitre « Papillon de nuit », votre recueil de nouvelles, alternant ainsi deux genres littéraires totalement différents. Que pouvez-vous nous dire sur votre 2ème livre, sans trop en révéler à notre lectorat ?
J’avais déjà envie d’écrire et de publier la fiction depuis longtemps. Le choix de la nouvelle était voulu. Après la biographie, qui était un exercice, un essai, j’ai franchi le pas. La bio est consacrée à un autre auteur. L’élaborer fut contraignant par moments : respect de la chronologie, le déroulement, le respect des évènements.
C’était un défi. Dans la biographie, on ne peut pas se permettre d’écrire n’importe quoi, et d’inventer. Ecrire sur une personne de ce monde est toujours fort passionnant. La bio concilie le respect de la vie de la personne et la particularité de raconter cette vie. Je tenais à écrire de la fiction, en trouvant le ton juste. Pourquoi la nouvelle ? Je dis qu’il faut toujours « commencer petit ». (Rire). Le roman, c’est bien plus élaboré. Il s’agit d’un travail de longue haleine sur plusieurs années. Quoique l’exercice de la nouvelle soit stimulant : C’est dur de condenser une histoire en quelques pages et ménager l’effet de surprise à la fin de chaque nouvelle.
Vous vous êtes mis à l’écriture de ces 11 nouvelles. Est-ce qu’elles étaient imaginées, préparées en amont ? Comment s’est passé le processus de l’écriture ?
Il y a beaucoup de travail derrière ce résultat final. Il y en a une qui était prête : « L’orage ». Elle a déclenché l’écriture des nouvelles suivantes. Cette histoire vient d’un fait personnel, une relation personnelle chaotique. Un chaos qui a coïncidé avec les déclarations d’un ancien politicien, qui avait fait des commentaires misogynes à propos de la condition de la femme, de ses désirs.
C’était inspirant pour écrire ! J’ai donc fait parler une femme de son propre désir dans une des nouvelles de « Papillon de nuit ». Ce n’est pas fluide d’écrire des nouvelles, c’est beaucoup de réflexions, de modifications, c’est puisé dans soi, dans son enfance, dans sa jeunesse, dans ses sensibilités, dans sa mémoire visuelle. Deux histoires se sont greffées au départ, ensuite, deux autres, inspirées de deux rencontres qui sont venues après…
Les nouvelles doivent être concises. Je suis enseignant à l’origine et je pense que ce qui rebute un lecteur, c’est la longueur. Ce qui m’intéresse, c’est amener les gens à lire. A encourager la lecture, et le format « nouvelle » aide, parce que c’est court. Opter pour les phrases courtes et raconter l’action, c’est voulu. La description n’existe presque pas dans « Papillon de nuit ». Dans une des nouvelles, j’ai dû condenser 5 années d’existence en quelques pages. C’était éprouvant.
Vous nous dites que la mémoire joue un rôle crucial dans l’écriture de vos nouvelles. Est-ce le cas ?
Absolument ! La mémoire est prodigieuse : il y a des détails et des histoires qui surgissent. Je pars de détails réels, mais je brode autour : je rajoute les histoires, les mixtures, avec l’ajout de traits, de caractéristiques… J’ai vécu dans un univers dominé par les femmes. J’ai été très sensible à ce vécu. Il s’agit donc de souvenirs glanés partout et que j’ai recomposés. Ce n’est sans doute pas des histoires inventées de bout en bout et je ne suis pas inventeur d’univers littéraire ou fantaisiste. Mon intérêt c’est de me rapprocher de la société et de faire de la fiction parlante, celle qui évoque les sujets relatifs à la femme de 7 à 77 ans.
La dernière nouvelle du livre porte le même titre que le recueil « Papillon de nuit ». Quelle est sa particularité ?
C’est la nouvelle qui me bouleverse le plus mais en même temps elle finit bien. Je me suis beaucoup attaché à son personnage principal : quand la vie commençait à lui sourire, il est parti. Pour le choix du titre, il m’a paru presque une évidence de lui attribuer ce même titre. D’une manière plus générale, je tiens à faire connaître tous ces récits pluriels. On ne va pas trop en dire davantage ! En attendant, je peux d’ores et déjà annoncer la préparation du 3e livre, dans lequel je renoue avec la biographie.