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Mes Humeurs : L’Homme, la machine et la poésie

Hasard ! Une rencontre inattendue et sympathique avec Hichem Ben Ammar, cinéaste et poète tunisien. Il m’invite à aller chercher son nouvel ouvrage chez son éditeur. Son livre, m’explique-t-il, est une série d’entretiens avec l’Intelligence Artificielle, sujet : la poésie.  Tiens! Je saute sur l’occasion et lui explique mon intérêt à la question en lui faisant part de la suite d’Humeurs sur l’IA, publiée sur 

La Presse. 

L’échange est parti sur des chapeaux de roues. Je découvre l’ouvrage chez l’éditeur ( Sud Editions) qui s’intitule Entretiens avec l’Intelligence Artificielle La poésie en question, sous-titré Propos suscités par Hichem Ben Ammar. La couverture noire présente deux portraits en profils qui se font face, celui de l’humain (l’auteur) et une machine. Elle ressemble à une affiche de film de science-fiction.  

Comme il a été journaliste dans une autre vie, l’auteur, rompu aux entretiens, est en bonne position pour diriger la rencontre. Le tête-à-tête avec Chatgpt s’inscrit donc dans une démarche de documentariste qui interroge la vie en société à travers les rencontres et autres interviews pour en révéler les contradictions.

Mais avec l’IA, le morceau est autrement plus cruel et éprouvant ( amusant aussi  par moments ), vu que  la machine ne montre aucun sentiment de faiblesse, aucune expression de découragement ou d’épuisement. Bref, elle ne faillit pas ; d’où l’émergence d’un rapport nouveau où toutes les questions sont posées sans tabou. Mais comment se présente Chatgpt ? Une voix sans visage, une plume sans main, un souffle… Aux poètes du monde, je dis ceci  : «Je suis un voyageur  sans passeport… je suis un outil, une extension de ton esprit, un écho qui réfléchit les questions et les idées que tu lui offres, etc.

Rassuré sur le pedigree de son interlocutrice, et ses bonnes dispositions, Hichem se jette à l’eau et nous relate la fabuleuse aventure qu’il a vécue. Une tâche titanesque qui lui a pris trois mois de travail à raison de trois heures par jour. « Il y a eu des moments où je me suis senti vidé, coincé, elle aussi (IA) était parfois gênée ». Un échange souvent amusant, parfois inconvenant, où l’auteur et sa « compagne » vivent des heures à débattre de la poésie (sous ses différentes formes.) Je dis bien sa compagne, puisque l’auteur parle d’elle comme d’une complice, une confidente, une amie.  Que retient-il de la batterie de questions -réponses, tantôt en forme de duel, tantôt en forme d’amabilité  courtoise ? La lutte s’étale sur 10 chapitres différents les uns des autres et une préface (164p).

« Un dialogue avec une machine au cours duquel j’ai pu enfin m’affirmer comme poète. La mise en abyme du dispositif a ébranlé mes certitudes et fait surgir des questionnements essentiels sur la poésie. Face aux tentations de la facilité et au nivellement par le bas qui menace l’auteur, mon exigence éthique s’est imposée comme une nécessité : je devais me positionner. Je l’ai fait avec impertinence, poussant la machine jusqu’à ses derniers retranchements. Et c’est là qu’elle a réagi avec un sens de la répartie étonnamment vif. »

La lecture de ces entretiens sans filtre est surprenante, instructive, elle casse beaucoup de préjugés sur les intentions et les capacités de l’IA, à la condition de savoir poser les bonnes questions et…de chercher la faille de l’interviewée ( IA) pour aller plus loin dans le duel. Ce que Ben Ammar a matérialisé avec doigté.

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