Accueil Culture Chroniques de la Byrsa : Un Monsieur d’un autre temps (II)

Chroniques de la Byrsa : Un Monsieur d’un autre temps (II)

Dimanche dernier, nous avons évoqué un sujet alors doublement d’actualité : celui du costume traditionnel, le mois de Ramadan étant propice à la réanimation de la nostalgie de bien des aspects du mode de vie d’antan, ce jour-là, précisément un 16 mars, coïncidant avec la célébration de la Journée nationale du costume traditionnel. 

Cette journée a été instituée voilà déjà plus de trois décennies et est aujourd’hui fêtée avec plus ou moins de conviction et de visibilité, cette dernière se traduisant par le port, ce jour-là, de la tenue nationale ou de quelques-unes de ses composantes. Heureusement, la société civile, en particulier celle dénommée «Notre costume, authenticité et civilisation », est toujours au rendez-vous avec un défilé rassemblant de nombreux participants en tenues traditionnelles qui traversent une partie de la médina et de la ville moderne dans une ambiance festive. Quant à nous, nous avons choisi, ici-même, de la célébrer en faisant défiler de mémoire une personne bien réelle qui symbolise à nos yeux l’enracinement de la tradition vestimentaire masculine en Tunisie.

Tout cela est bien beau, mais suffit-il à garantir la pérennité de l’objet ciblé ? Surtout permet-il la survie des métiers qui concourent à sa préservation ? Ou bien, comme tant d’autres produits, est-il voué à une inéluctable disparition pour cause de désuétude ou de coûts élevés à l’acquisition ? 

Un défi à relever pour ne pas nous dissoudre dans la grisaille de l’uniformisation

Les choses ne sont pas si simples. Il est bien vrai qu’on ne saurait se mouvoir et travailler en tenue traditionnelle, féminine aussi bien que masculine, dans le contexte actuel de notre mode de vie. Il est tout aussi vrai que notre niveau de vie a rendu, pour la plupart d’entre nous, l’habillement de seconde main que constitue la fripe un recours incontournable contre le «dénuement».

Ce sont, en effet, des facteurs qui peuvent conduire vers un déclin inexorable du secteur traditionnel de l’habillement. Il n’en demeure pas moins que le seul aspect utilitaire ou le prix de la chose ne doivent pas être les seuls à prendre en considération. Il y va aussi d’une dimension identitaire qui est essentielle à l’équilibre social et psychique des communautés. 

Cet impératif explique la survivance (entre autres) des traditions vestimentaires ancestrales partout dans le monde. Partout, des démonstrations « folkloriques » spectaculaires sont prétextes à ce retour aux sources. Chez nous aussi, il est vrai. Mais trop timides. Moins systématiques. Peu étendues géographiquement. En fait, il y a lieu de valoriser notre héritage vestimentaire (et autre) en lui restituant sa fonction économique en tant que mode de thésaurisation, mais aussi en tant qu’argument pour attirer les touristes (nationaux et étrangers) lors d’événements festifs à multiplier partout.

C’est le défi à relever pour ne pas nous dissoudre dans la grisaille de l’uniformisation qui étend ses tentacules partout.

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