
En ce mois saint, et pendant tous le mois de l’année, la médina de Tunis doit son aura à son artisanat, un secteur au parfum d’antan. Il était et est encore le cœur battant de ses souks, voire une plaque tournante d’une dynamique économique et touristique continue.
Trois jours durant, du 16 au 18 mars, « la rencontre des compétences, savoirs manuels et métiers traditionnels », qui s’est déroulée au Centre de formation El Bachia, au cœur de la médina, à l’initiative conjointe de l’Atfp et l’Association des femmes de Tunisie moderne (Aftm), a fait vibrer maîtres artisans et apprentis.
Cette rencontre professionnelle vise, essentiellement, à faire pleins feux sur nombre de métiers d’artisanat hérités de nos aïeux et qui ont dû longtemps survivre aux caprices de la mode et des tendances modernes. Certes, ils évoluent au fil du temps, sans jamais tirer un trait sur leur passé antique. Pour certains artisans, il est toujours utile de regarder dans le rétroviseur et voir grand, afin d’établir le bilan de leurs activités. Reculer pour mieux sauter, dit l’adage.
Ainsi, leur rencontre, depuis dimanche soir, était une opportunité d’échange et d’exposition de leurs articles et produits faits main spécialisés dans la fabrication de l’argent et du cuivre, la broderie et la confection des habits traditionnels.
Soit des œuvres artistiques et d’objets d’art revisités, cristallisant ainsi passion et ambition, tout en alliant authenticité et modernité. L’art de l’orfèvrerie, la décoration des tissus et la haute couture n’ont cessé d’émailler les étals et illuminer les vitrines des petits métiers d’artisanat. Ainsi, les vieux souks traditionnels des Chaouachine, des Selliers (Assarrajine), des Parfumeurs (Al Attarine) et bien d’autres illustrent la médina de Tunis et animent ses rues et ruelles.
A Ramadan, l’ambiance nocturne est telle qu’elle ravive la mémoire du bon vieux temps et nous replonge dans les méandres de la pensée créative pour donner à certains métiers une touche artistique et innovatrice. L’innovation et la qualité sont toujours un gage de succès.
A l’aune du potentiel actif et créatif dont s’enorgueilli l’artisanat tunisien, la mise en valeur de nos métiers traditionnels requiert une nouvelle vision stratégique de la formation professionnelle. Cela fait que l’on doit développer son contenu, offrir à ses diplômés des opportunités d’emploi meilleures et les aider à perpétuer ces métiers. Or, ceci ne peut se faire sans leur faciliter l’accès à des investissements pour monter leurs propres projets.
Prendre soin des professions et des professionnels
Ainsi, redonner vie à l’artisanat tunisien, c’est prendre soin de ses professions et de ses professionnels, tout en ouvrant aux diplômés de la formation des perspectives nouvelles, afin d’améliorer leur employabilité. L’entrepreneuriat privé dans ce domaine en vaut bien la chandelle.
D’autant plus que les ateliers vivants organisés à l’occasion sont tellement importants qu’ils mettent les jeunes diplômés de la formation en contact avec les artisans, sur fond d’un échange interactif sur la réalité et les perspectives des métiers d’artisanat. Un tel face-à-face, certes productif, était une aubaine considérable pour se pencher sur l’avenir de certains métiers et réfléchir sur les moyens de leur promotion.
Et là, faut-il le noter, pareille manifestation, tenue dans l’enceinte de la médina, se révèle particulièrement intéressante, et ce dans la mesure où l’évènement en question a coïncidé avec la célébration du patrimoine culturel et touristique de la médina de Tunis, inscrite depuis 1979 au patrimoine mondial de l’Unesco. Pluriséculaire, cette médina tire aussi sa juste valeur de son artisanat, bien ancré dans le temps. Et tous les métiers qui la distinguent en ont fait un fleuron économique et touristique.