Accueil Actualités Retrait des Etats-unis : L’OMS parviendra-t-elle à compenser l’absence du soutien américain ?

Retrait des Etats-unis : L’OMS parviendra-t-elle à compenser l’absence du soutien américain ?

Les récentes décisions des États-Unis et de l’Argentine de se retirer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont provoqué une onde de choc sur la scène internationale.

Ces retraits soulèvent des questions cruciales sur l’avenir de la coopération mondiale en matière de santé publique et sur les répercussions potentielles pour les programmes de lutte contre les maladies.

Le 21 janvier 2025, le président Donald Trump a signé un décret officialisant le retrait des États-Unis de l’OMS, citant une gestion contestée de la pandémie de Covid-19 et une influence jugée excessive de certains États membres. Cette décision, qui prendra effet dans un an, menace le financement de l’organisation, les États-Unis représentant environ 18 % de son budget total.

Quelques jours plus tard, l’Argentine lui a emboîté le pas, invoquant des divergences profondes avec l’OMS sur les politiques de santé publique et une volonté de préserver sa souveraineté nationale. Le porte-parole du président argentin Javier Milei a déclaré que le pays refusait toute interposition d’une organisation internationale dans sa gestion sanitaire.

Ces retraits s’inscrivent dans un contexte de tensions croissantes entre certaines nations et les institutions internationales, soulevant des craintes quant à un effet domino qui pourrait affaiblir la structure de la santé mondiale.

L’impact financier de ces départs est considérable. Une diminution drastique du budget de l’OMS pourrait compromettre des initiatives cruciales, notamment celles liées à la lutte contre la tuberculose, le VIH/sida et les urgences sanitaires. Sans un financement adéquat, de nombreux programmes de vaccination et de surveillance épidémiologique risquent d’être ralentis, voire suspendus, mettant en danger des millions de vies dans les pays en développement.

Dans ce contexte de désengagement étatique, le rôle des acteurs privés, et en particulier des philanthropes, devient de plus en plus prépondérant. Michael Bloomberg, ancien maire de New York et milliardaire philanthrope, s’est distingué par son engagement en faveur de la santé publique. Depuis 2005, sa fondation, Bloomberg Philanthropies, a investi environ 1,58 milliard de dollars pour lutter contre le tabagisme à l’échelle mondiale, mais pas que. 

En tant qu’ambassadeur mondial de l’OMS pour ces causes sanitaires, Bloomberg joue un rôle essentiel dans la promotion de politiques de santé publique. Le 23 janvier, le milliardaire américain a annoncé que sa fondation, Bloomberg Philanthropies, comblerait le déficit de financement laissé par le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Cette initiative vise à assurer que les obligations financières des États-Unis envers la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc) soient respectées, notamment en couvrant les contributions annuelles et en garantissant le respect des engagements en matière de rapports sur les émissions.

Il est important de noter que les engagements de Michael Bloomberg se concentrent sur le financement climatique et non sur le soutien direct à l’OMS. Aucune information publique à ce jour n’indique que le milliardaire ou ses organisations aient proposé de compenser le retrait du financement américain à l’OMS.

Une concentration de pouvoirs qui interroge

Si l’engagement de Bloomberg est salué, son approche suscite également des débats. En effet, l’influence de Bloomberg sur les politiques de santé mondiale, bien que financièrement bénéfique, suscite des interrogations sur la transparence et la démocratie dans l’élaboration des stratégies de santé. Des accusations d’ingérence ont été formulées contre certaines organisations non gouvernementales (ONG) financées par Bloomberg, notamment aux Philippines et en Inde, où elles ont été suspendues pour avoir exercé une influence jugée excessive sur les décisions gouvernementales.

Cette situation pose la question plus large de la concentration de pouvoirs entre les mains d’un seul acteur philanthropique, qui pourrait limiter la diversité des approches en santé publique. Idéalement, selon Trump et d’autres dirigeants, les politiques de santé devraient être élaborées de manière inclusive, en tenant compte des contextes locaux et des besoins spécifiques des populations concernées.

Alors que la santé mondiale entre dans une phase d’incertitude, il est crucial de trouver un équilibre entre initiatives philanthropiques et respect des processus démocratiques nationaux. La coopération internationale doit rester au centre des efforts pour garantir un accès équitable aux soins et préserver les progrès réalisés ces dernières décennies.

L’avenir de l’OMS et de la santé mondiale dépendra de la capacité des nations et des organisations à s’adapter à ce nouvel échiquier, en renforçant la transparence, la collaboration et l’efficacité des programmes sanitaires. Le défi est de taille, mais il est essentiel pour assurer un avenir plus sûr et plus sain pour tous.

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