
La Tunisie a franchi un seuil critique. Selon les dernières données de la Banque centrale, publiées vendredi 21 mars 2025, les réserves de devises ont chuté à 22,591 milliards de dinars, couvrant seulement 99 jours d’importation. C’est la première fois depuis plusieurs années que le pays passe sous cette barre symbolique, un indicateur scruté de près par les économistes.
Cette baisse s’explique en grande partie par les échéances de remboursement de la dette extérieure. Après un versement d’un milliard de dollars en janvier et un autre de 200 millions de dinars en mars auprès d’Afreximbank, d’autres paiements sont attendus dans les prochains mois. La tendance inquiète, d’autant plus que le déficit commercial s’aggrave.
En janvier et février 2025, il a presque doublé par rapport à la même période de l’an dernier. Les importations, notamment de matières premières, augmentent alors que les exportations ralentissent. Les entrées de devises, comme les revenus touristiques (+5,6 %) et les transferts des Tunisiens à l’étranger (+5 %), ne suffisent pas à compenser ces sorties massives.
Le seuil des 100 jours est un signal d’alarme. En mars 2024, la Tunisie en comptait encore 106, contre plus de 120 en juillet 2023. Cette érosion rapide réduit la marge de manœuvre du pays et rend toute nouvelle crise financière plus difficile à gérer.
Sans mesures rapides, la situation pourrait s’aggraver. La Tunisie devra chercher de nouveaux financements, au prix d’éventuelles réformes imposées par les créanciers. Restreindre certaines importations ou stimuler les exportations sont des pistes, mais leur impact ne sera pas immédiat. Une chose est sûre : le pays doit impérativement diversifier son économie pour ne plus dépendre uniquement des prêts et des fluctuations des marchés internationaux.