
Le tourisme tunisien, comme on a souvent tendance à le rappeler, continue à apporter un soutien considérable à l’économie nationale. Il a constitué parfois un bon amortisseur aux chocs conjoncturels en compensant les contre- performances de certains secteurs. En 2024, avec un volume d’environ 10 millions de touristes, notre activité phare, malgré une conjoncture toujours complexe, a été encore une fois d’un apport considérable.
Reste que pour la prochaine étape, cette performance, quantitative, ne serait plus suffisante pour répondre aux nouvelles exigences du marché international. Il faut plutôt chercher des réponses positives au niveau qualitatif, encore timide et loin de la capacité réelle de notre secteur stratégique.
Et ce n’est certainement pas un hasard si la nouvelle démarche de développement prônée par le Président de la République a fait de la bonne capitalisation du potentiel de nos secteurs économiques et de la maximisation de leur valeur ajoutée une priorité absolue. Cela dénote, de toute évidence, une prise de conscience de l’importance de l’enjeu qualitatif dans la garantie d’une performance globale et durable.
Notre tourisme est en mesure de relever un tel enjeu pour peu qu’il s’extirpe, intelligemment, de cette vocation d’être un tourisme de masse, globalement à bas coûts, et propose une offre alternative plus attractive.
Certes, on assiste depuis quelque temps à une volonté certaine de transiter vers de nouvelles niches, comme l’écologique, mais le rythme est encore assez lent et donc peu conséquent. Une défaillance à corriger rapidement si l’on ambitionne de maintenir notre résilience, notamment face à nos concurrents directs.
Notre secteur touristique a besoin également de se doter d’une approche anticipative qui lui permettrait de se réinventer, de s’aligner sur les nouvelles tendances qui conditionnent, de plus en plus, le marché international et d’apporter ainsi un changement profond à sa physionomie.
On pense surtout au tourisme haut de gamme (de luxe) qui ne cesse non seulement de dessiner ses contours mais également de les élargir à grande vitesse.
D’ailleurs, selon une étude internationale, le tourisme de luxe, qui repose sur l’authenticité, l’exclusivité de l’offre, la richesse culturelle et le potentiel naturel, est en train de transformer l’Europe avec des recettes annuelles qui oscillent entre 130 à 170 milliards d’euros. D’ici 2030 – 2035, ce montant serait de plus de 520 milliards.
Il faut reconnaître toutefois que la Tunisie n’est pas restée totalement insensible à ce produit. Il y a eu quelques expériences, bien réussies d’ailleurs, mais elles sont malheureusement isolées. Or, une offre de cette importance doit absolument être adossée à une stratégie bien élaborée.
Ce qui est certain, c’est que notre pays, qui joue depuis quelque temps la carte de la performance totale, ne tardera pas à accorder à ce produit de prestige l’intérêt qu’il mérite pour en faire ainsi son principal atout économique.