
Le président de la Chambre nationale des artisans du cuir et de la chaussure, Wajdi Dhouib, a exprimé son inquiétude quant à la faible demande de chaussures pendant les fêtes de l’Aïd al-Fitr, soulignant que le marché est actuellement en stagnation.
Dans une déclaration à Mosaïque, Dhouib a précisé que, malgré une légère reprise d’activité durant la quatrième semaine du mois de Ramadan, cette dynamique reste bien en deçà des attentes des professionnels du secteur.
Il a attribué cette situation à plusieurs facteurs, dont l’inondation du marché par des produits importés et des chaussures de seconde main, ainsi que la dégradation du pouvoir d’achat des consommateurs tunisiens.
Le président de la Chambre a également dénoncé les campagnes de réduction saisonnières, estimant qu’elles ne constituent pas une solution durable. “Les résultats du dernier mois de soldes ont été catastrophiques”, a-t-il ajouté, appelant à un véritable changement de cap pour soutenir le secteur.
Selon Dhouib, la véritable solution réside dans le renforcement des contrôles et l’application stricte des lois régissant le secteur, afin de lutter contre la concurrence déloyale. Il a également pointé du doigt les grandes marques internationales établies en Tunisie, qui, selon lui, ont pour pratique de tromper les consommateurs.
Concernant le commerce informel, il a observé une recrudescence des pratiques illégales dans de nombreuses villes tunisiennes, aggravant ainsi la crise du marché. “La plupart des produits vendus sur ces marchés n’ont pas fait l’objet d’analyses en laboratoire”, a précisé Dhouib.
Les chiffres du secteur sont alarmants : le nombre d’artisans a chuté de près de 6 000 à seulement 1 500, tandis que le nombre d’entreprises est passé de 520 en 2010 à 193 aujourd’hui. Parmi celles-ci, seules 120 sont des entreprises exportatrices, mais elles font face à de nombreuses difficultés. En outre, quatre tanneries sur un total de 12 ont dû fermer leurs portes avant le mois de Ramadan.
Face à cette situation, Wajdi Dhouib a lancé un appel urgent aux autorités compétentes et à toutes les parties prenantes pour intervenir afin de sauver ce qui reste du secteur et éviter un effondrement total de l’artisanat du cuir et de la chaussure en Tunisie.