
Les publicitaires et agences de communication font du mois de Ramadan leurs choux gras. Cependant, pendant des années, cette règle a connu des exceptions suite à la crise économique, l’instabilité politique de la décennie post-révolution… Après 2011, le marché publicitaire a été frappé de plein fouet à plusieurs reprises, notamment après la crise du Covid. Le retour en force des spots publicitaires télévisés, cette année, marque, selon les professionnels, une certaine reprise du secteur. Rencontré lors de la cérémonie de remise des prix « Pub & Co Awards », Hosni Ghariani, publicitaire, nous donne plus de détails.
Au fil des années, cela est devenu une tradition : profitant d’un audimat élevé lors de la diffusion des feuilletons ramadanesques, les annonceurs se bousculent pour occuper l’espace publicitaire, notamment sur les chaînes télévisées.
C’est donc pendant ce mois-ci que le marché publicitaire respire.
Les chiffres le confirment : selon les données du Syndicat des agences de publicités agréées (Sapa), 50 % des investissements publicitaires concernent la télévision, avec un pic marqué durant le mois de Ramadan. Cependant, derrière cette dynamique apparente se cache un marché tunisien structurellement sous-investi, comme l’a révélé une étude réalisée en 2023 par le Pamt2.
À seulement 6 dollars par habitant (soit environ un tiers des investissements réalisés au Maroc), la faiblesse des investissements publicitaires a déteint sur un secteur qui fonctionne en deçà de son véritable potentiel. Pourtant, il s’agit bien d’un marché générateur d’emplois, puisqu’il emploie directement plus de 6.000 personnes et indirectement environ 12.000 (employés de prestataires externes). De plus, le secteur de la publicité, connu pour être pluridisciplinaire (il comprend plusieurs métiers allant de la création aux achats d’espace, en passant par le conseil et les relations publiques), est considéré comme un secteur à forte valeur ajoutée, car faisant partie de l’industrie créative.
Une évolution en dents de scie
La bonne nouvelle, c’est que cette année a marqué un retour de l’activité du marché, qui commence à reprendre des couleurs après des années de morosité. Rencontré lors de la cérémonie de remise des prix «Pub & Co Awards», organisée récemment par Express FM, Hosni Ghariani, publicitaire, nous a expliqué que l’activité du secteur a été caractérisée par une évolution en dents de scie au cours de ces dernières années. «Cette instabilité est due, notamment, à la succession d’événements qu’a traversés la Tunisie au cours des 20 dernières années.
Ce qui est positif cette année, c’est qu’on a observé un regain d’intérêt pour les publicités télévisées. C’est de bon augure, car cela dénote d’un retour à la consommation», a-t-il affirmé.
Il ajoute : « À mon sens, l’investissement publicitaire peut être un indicateur de l’activité économique, car il s’agit du premier poste touché lorsque l’économie entre en crise. La présence des spots publicitaires cette année sur les chaînes télévisées donne de l’espoir aux professionnels du secteur. Un espoir tant attendu, surtout après la crise du Covid ».
La publicité digitale, une tendance qui progresse lentement
Interrogé sur l’état des lieux de la publicité digitale en Tunisie, Ghariani a précisé que cette tendance, bien qu’en train de faire son chemin, n’est pas encore en phase avec ce qui se passe sur d’autres marchés étrangers, où 70 % du marché publicitaire sont orientés vers le digital.
« La publicité digitale devrait représenter environ 20 % du budget publicitaire. En Tunisie, c’est encore la publicité offline qui domine le marché. On préfère la publicité télévisée, car le taux d’audience est énorme pendant le mois de Ramadan, avec 7 ou 8 millions de téléspectateurs. D’ailleurs, c’est pour cette raison que les budgets publicitaires pour ce mois sont importants », a-t-il précisé. Malgré une part de marché faible, la publicité digitale est en train de percer, car il s’agit d’un modèle qui a fait ses preuves.
«La publicité digitale repose essentiellement sur le ciblage: on cible directement le public concerné. Cela permet une optimisation du budget. On dépense moins d’argent quand on cible un public bien déterminé. La tendance est certes en train de migrer vers le digital, mais pas avec le même rythme de croissance observé au niveau mondial », a-t-il ajouté.
Ce mois de Ramadan, 90 spots publicitaires ont été diffusés sur les chaînes de télévision tunisiennes. Couvrant plusieurs types de produits, allant de l’agroalimentaire aux produits technologiques, en passant par les produits d’hygiène, ces annonces, qui ont émaillé la grille ramadanesque, font désormais partie intégrante de l’offre audiovisuelle de ce mois-ci, avec un contenu fortement créatif.