
Nichée au cœur de l’ancienne région carthaginoise, cette oasis, entourée par l’immensité du désert, se distingue par l’usage emblématique de briques rouges qui habillent les façades de ses édifices. Ces briques, omniprésentes dans l’architecture de la ville, ne se contentent pas d’apporter une touche esthétique : elles sont l’âme même de Tozeur, symbolisant son identité culturelle et son lien profond avec son territoire. Ce contraste frappant entre les façades rouges et le paysage désertique confère à la ville une atmosphère unique que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Les briques rouges de Tozeur, façonnées avec un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération, ne sont pas seulement décoratives. Elles jouent un rôle central dans l’architecture fonctionnelle de la ville, en offrant une isolation naturelle contre la chaleur extrême du désert. Leur porosité permet de réguler la température à l’intérieur des habitations, assurant fraîcheur et confort à leurs habitants. Ce matériau local, extrait de la terre de la région, incarne un véritable héritage que les Tozeurois protègent jalousement face aux menaces modernes telles que le béton.
L’importance de ces briques a pris une nouvelle dimension en 1994, lorsque le défunt Abderrazek Chraiet, alors maire de la ville, de retour de France, a lancé une campagne d’uniformisation architecturale. Il visait à préserver et promouvoir l’utilisation de ces briques rouges pour créer une harmonie visuelle à travers la ville. Ce geste a permis de consolider le style architectural unique de Tozeur, renforçant son attractivité auprès des visiteurs, intrigués et charmés par cette cité rouge au cœur du désert.
L’usage des briques rouges ne se limite pas aux habitations privées. Mosquées, édifices publics et autres bâtiments emblématiques partagent cette même architecture qui raconte, à chaque coin de rue, l’histoire et la richesse culturelle de Tozeur. Au-delà de la beauté visuelle, ces briques incarnent une philosophie de construction respectueuse de l’environnement et adaptée aux conditions climatiques extrêmes.
Les règles locales imposent d’ailleurs leur utilisation, dans le cadre d’une série de normes architecturales visant à préserver l’unité esthétique de la ville. Les constructions ne doivent pas dépasser deux étages, afin de ne pas masquer la vue sur les vastes palmeraies environnantes et de permettre à chacun de profiter du coucher de soleil majestueux qui illumine les briques rouges à l’horizon.
Aujourd’hui, Tozeur continue de se réinventer, notamment grâce à une collaboration avec le Japon. Un laboratoire de développement, initié en coopération avec l’agence japonaise Jica, a permis d’introduire une nouvelle technique de fabrication de briques sans cuisson, renforçant ainsi la tradition, tout en innovant.
En définitive, l’architecture de Tozeur, marquée par ses briques rouges, ne se résume pas à une simple esthétique. Elle raconte l’histoire de cette oasis, son adaptation à son environnement et sa capacité à évoluer tout en conservant une forte identité. Tozeur est bien plus qu’une ville : c’est une œuvre d’art vivante, où chaque brique témoigne de l’ingéniosité et de la résilience de ceux qui l’habitent.