Accueil Société La Tunisie face au stress hydrique : Quand l’eau ne coule plus de source !

La Tunisie face au stress hydrique : Quand l’eau ne coule plus de source !

Eté comme hiver, on n’en finit pas avec la spirale des coupures d’eau, touchant différents endroits du pays, même ceux censés être les plus naturellement favoris. Qu’il pleuve ou pas, notre potentiel hydrique passe au rouge, faisant craindre le pire. La Tunisie aura-t-elle soif ?! Fort probable, si rien n’est fait ici et maintenant. 

Ce constat aussi alarmant n’est guère étonnant, dans la mesure où cette rareté de l’eau traîne depuis des années, sans que l’on sache vraiment comment y remédier. Et la situation ne cesse d’empirer, à l’aune des aléas climatiques si capricieux, aggravés par la récurrence de la sécheresse et l’épuisement de la nappe phréatique, dû, en partie, à son exploitation excessive et anarchique. Outre un déficit pluviométrique jamais enregistré, depuis plus de 50 ans, qui a affaibli la capacité de nos barrages, dont le taux de remplissage était, dernièrement, aux alentours de 35,3%. Faute de mieux, nos ressources hydriques risqueraient de toucher le fond. 

Cet état des lieux tel qu’il a été, tout récemment, exposé par le ministre de l’Agriculture, lui-même, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, célébrée le 22 mars de chaque année, nous édifie sur une difficulté de gestion et de mobilisation hydriques. Paradoxalement, les fuites enregistrées sur les canalisations de la Sonede continuent à impacter le réseau d’approvisionnement, ce qui pèse lourd sur le rythme d’alimentation domestique. 

Par ailleurs, le syndrome du stress hydrique menace nos réserves stratégiques, déjà en baisse : seulement 4,8 milliards de m3, jusqu’ici mobilisés, soit tout ce qu’on puisse retenir d’une manne céleste assez modeste, voire en dessous de la moyenne pluviométrique habituelle estimée à 36 milliards de m3 par an. Un bilan jugé peu reluisant et loin d’être rassurant. Entre-temps, le droit d’accès à l’eau potable n’a jamais été garanti, ayant généré, pas mal de fois, plusieurs mouvements de protestation et de revendication. Cette forte demande d’eau n’est pas encore satisfaite, loin s’en faut. 

Au bord de la pauvreté hydrique !

Et bien qu’il existe beaucoup de barrages et d’autres ouvrages hydrauliques, plusieurs foyers, notamment en milieu rural, ne sont pas encore raccordés au réseau d’eau potable. A titre d’exemple, 73 % des habitants du bassin minier à Gafsa n’ont pas accès de l’eau potable, contre 33% au nord-ouest, pourtant reconnu être un grand réservoir d’eau. Cela étant, faute d’une juste répartition d’eau et d’une stratégie d’économie à long terme. Dés le début, la planification de la carte hydrique fait défaut. 

A noter que moins de 20% de nos réserves nationales sont destinés à l’eau potable, contre environ 80 % à usage agricole Quitte à ce que la soif nous plonge dans le gouffre d’une guerre sans précédent. Car, chiffres officiels à l’appui, seulement 450 m3 d’eau pour chacun de nous par an, soit deux fois moins que la moyenne mondiale, estimée aujourd’hui à 1.000 m3 par personne. Et d’après des sources agricoles, la Tunisie se situe au seuil de pauvreté hydrique. 

Agir plutôt sur la demande en eau

Et là, l’on se pose plus qu’une question: Comment peut-on gérer cette forte demande d’eau face à cette offre hydrique rarissime ? Que faire pour limiter les pertes d’eau constatées sur le réseau de la Sonede? Son directeur central d’économie d’eau, Chawki Ben Mansour, avait présenté tout un Projet d’amélioration des performances (PAP) des réseaux de distribution, à travers des interventions de maintenance et de rénovation de milliers de km de canalisations vétustes. Inscrit dans le cadre de la stratégie de la Sonede en matière d’économie d’eau, ce PAP couvre, au bout de cinq ans, sept districts, au centre et au sud du pays, à savoir Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid, Médenine, Tataouine, Gafsa et Gabès. 

Et comme l’offre hydrique conventionnelle semble arriver à ses limites, il y a de quoi agir sur la demande d’eau. Aussi le recours à des ressources d’eau non conventionnelles serait-il une alternative possible, mais coûteuse, «voire une solution incontournable pour couvrir le déficit hydrique déjà remarqué», selon Sinène Bacha, ingénieur général chargé de la planification et des équilibres hydriques au ministère de l’Agriculture. A travers le dessalement d’eau de mer et celle saumâtre, mais aussi par le biais de l’utilisation des eaux usées traitées. 

D’ailleurs, pour s’approvisionner en eau potable, 3 stations de dessalement d’eau de mer à Djerba, Zarat et à Sfax, et 15 autres des eaux profondes ont été créées. Ainsi, une bonne politique de mobilisation d’eau, apte à résoudre l’équation complexe de l’offre et de la demande est perçue, face au changement climatique, comme un véritable défi. 

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