Accueil Culture « Bel Abîme » au 4e art : Le brillant portrait d’une jeunesse meurtrie

« Bel Abîme » au 4e art : Le brillant portrait d’une jeunesse meurtrie

La rencontre entre l’écriture de Yamen Manai, la dramaturgie et la mise en scène de Michel Bernard autour d’un texte d’une fougue rare se déroule comme le monologue d’un adolescent révolté contre le monde. Brillant portrait d’une jeunesse meurtrie, qui décide de renverser les rôles et accuse la société de détruire tout ce qui est beau. « Bel Abîme » au 4e Art, vendredi 11 avril à 20h00.

 Le Théâtre national tunisien, en collaboration avec l’Institut français de Tunisie, la Délégation générale Wallonie-Bruxelles Tunisie et Wallonie Bruxelles International présente la pièce de théâtre « Bel Abîme » à la salle Le 4e Art, vendredi 11 avril à 20h00. 

Tirée de l’adaptation de l’ouvrage éponyme de Yamen Manaï publié en 2021 aux éditions Elyzad avec le concours de l’IFT —Programme d’aide à la publication— la pièce —comme le roman— raconte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices et la violence d’une société envers ses propres enfants.

Avec une ironie mordante et sans la moindre déférence, le narrateur prend vivement à parti ses interlocuteurs. Les charges qui pèsent contre lui sont sérieuses, mais le jeune homme affirme ne rien regretter. Se dévoilent les raisons qui l’ont poussé à la colère et au crime : un père froid qui l’a toujours humilié, ignoré ; une société gouvernée par les apparences et l’omniprésente religion ; la domination sans partage des plus forts sur les plus faibles ; la pauvreté, la saleté, le mépris des animaux et de l’environnement. Heureusement, il a Bella, le chien qu’il a recueilli tout petit, contre le gré de ses parents. Ensemble, ils ont grandi, se sont protégés mutuellement et sont devenus forts. Entre eux, un amour inconditionnel. Mais dans ce pays, le gouvernement ordonne de tuer les chiens «pour que la rage ne se propage pas parmi le peuple». Pourtant, la rage est déjà là. Alors quand Bella a été tué, il a bien fallu la venger.

« Bel abîme » la pièce est une adaptation et mise en scène par Michel Bernard agrémentée par une musique signée par  Deena Abdelwahed. 

La rencontre du texte de Yamen Manai avec  Michel Bernard  augure une belle lecture. Ce dernier est un agrégé en philosophie qui  écoute autant Led Zeppelin que Luc Ferrari, lit Burroughs, Thomas Bernhardt, Gilles Deleuze et Edgar Hilsenrath. Personnage atypique avec une vision du monde particulière. Acteur d’abord puis dramaturge et metteur en scène, il effectue de nombreuses mises en scène parmi lesquelles l’avenir dure longtemps d’après Louis Althusser, «Une vie avec raccourci» de Jean-Marie Piemme, «Anéantis de Sara Kane», «Visage de Feu»  de Marius von Mayenburg, «Mal de mère» de Vinciane Moeschler, «Febar» de Michael de Cock, Younouss Dialo et Michel Bernard», «Non rééducable» – Mémorandum théâtral à propos de Anna Politkovskaïa  de Stefano Massini, «Si c’est un homme» de Primo Levi (Prix du meilleur seul en scène)… Sa sensibilité à l’univers sonore l’a également mené à la réalisation de documentaires radiophoniques.  Ce que nous savons de lui c’est que c’est un metteur en scène qui aime faire tourner des spectacles qu’il destine au plus grand nombre sans négliger pour autant une recherche scénique pointue et la mise en valeur d’écritures contemporaines* (…). Il ne se fixe aucun carcan de durée comme aucune règle de forme, avec une question grave qui le taraude en permanence : « Comment peut-on essayer de vivre et organiser une vie ici-bas avec toute sa beauté et toute son horreur ? ».

Yamen Manai, quant à lui, est ingénieur de formation, qui a confirmé, roman après roman, une place incontestée dans la nouvelle génération d’auteurs tunisiens, bâtissant ses œuvres comme des contes modernes inspirés tant par l’actualité que par les nouvelles technologies. J.-M.G. Le Clézio dit de lui qu’il « parle avec la réserve et l’exactitude de l’homme de science et en même temps avec le feu du poète et l’imagination du romancier ». Après «L’Amas ardent», couronné de nombreux prix dont celui des Cinq continents de la francophonie, Yamen Manai a publié « Bel abîme », un  roman d’une fougue rare, déroulé comme le monologue d’un adolescent révolté contre le monde. Brillant portrait d’une jeunesse meurtrie, qui décide de renverser les rôles et accuse la société de détruire tout ce qui est beau.

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