
Dilemme avant les verdicts attendus demain sur des charbons ardents : respect des règlements en vigueur ou pirouettes juridiques pour sauvegarder le mérite sportif.
Quelles que soient les décisions prévues demain de la Commission nationale d’appel dans les dossiers brûlants des réclamations qui vont avoir un grand impact sur le classement en haut comme en bas du tableau, il y aura des clubs tout heureux d’avoir grappillé des points précieux sur le tapis et d’autres frustrés et grognards d’avoir perdu des matches par pénalité et de bons résultats acquis sur terrain.
Bras de fer ESS-EGSG
Il y a d’abord l’affaire du joueur Alkhaly Bangoura qui a fait monter la tension entre l’Étoile et El Gawafel de Gafsa. Les Etoilés aspirent obtenir une victoire sur le tapis qui leur a été refusée en première instance et les Gafsiens se défendent bec et ongles pour sauvegarder le point du nul qui pourrait être décisif pour leur maintien. Une guerre de procédures les oppose à propos de la qualification du joueur guinéen qui aurait obtenu une résiliation de contrat par la Fifa après avoir sollicité la Chambre de résolution des litiges pour non régularisation de ses arriérés avec le club gafsien et qui ( si c’est confirmé ) ne pouvait être qualifié de nouveau à ce club que par la signature d’un nouveau contrat.
El Gawafel dément cette résiliation avec à l’appui la preuve du renouvellement de la licence du joueur par la Commission fédérale du football professionnel de la FTF sur la base du contrat supposé résilié. Même si elle aurait raison sur le fond de cette affaire, l’Étoile a commis un vice de forme dans sa réclamation introduite car « en cas de faute administrative», la seule requête à formuler était de demander de «faire rejouer le match comme seule voie de recours pour réparer la faute (article 211 des Rêglements Généraux)». Avant d’aller jusqu’à étayer sa propre version et faire sa plaidoirie sur le fond, El Gawafel de Gafsa demande, elle, un «rejet pur et simple de la réclamation pour vice de forme». En outre, elle s’appuie sur une décision de cette même Cour d’appel au mois de mars qui lui était favorable dans ce même dossier.
Les articles 46 et 53 du Code disciplinaire pour le cas CA- USBG
Pour le différend juridique entre le Club Africain et l’Union Sportive de Ben Guerdane, c’est une guerre d’interprétation sur la suite à donner en cas de réclamation formulée pour non acquittement de l’amende infligée à un dirigeant suspendu avec interdiction de banc pour un certain nombre de matches. Au cœur de cette affaire, le dirigeant de l’équipe de Ben Guerdane ( encore lui !) Aymen Chandoul «présent sur l’aire de jeu et dans les abords immédiats du terrain lors du match retour entre le CA et l’USBG sans que l’amende dont il a fait l’objet n’ait été payée. «La direction du club des Rouge et Blanc s’est appuyée sur l’article 53 du Code disciplinaire pour introduire une réclamation et demander le gain du match par pénalité (match nul sur le terrain).
La direction du club des «Jaune et Noir» de Ben Guerdane a cherché une perche de salut dans l’article 46 du même Code disciplinaire en arguant «qu’avant de passer à la sanction de perte de match par pénalité, il y’a une sanction intermédiaire de vingt mille dinars ( 20,000 DT ) qui aurait dû être notifiée avant de passer à la sanction suprême qu’est la perte de match par pénalité. «Un argument qui n’est pas assez solide et qui apparaît comme un simple baroud d’honneur, car cet article 46 ne concerne que le dirigeant qui «n’a pas purgé intégralement sa sanction d’interdiction de banc».
Or, Aymen Chandoul a bel bien purgé ses deux matches d’interdiction de banc et ne s’est pas tout simplement acquitté de la sanction financière de cinq mille dinars, ce qui le mettait sous la menace d’une réclamation formulée sur la base de l’article 53. Le Club Africain se voit sûr de gagner cette bataille juridique et d’obtenir la validation des deux points accordés en première instance.
Un mince espoir pour l’AS Soliman
Le grand perdant dans ces affaires de réclamations à la pelle, c’est sans doute l’Avenir Sportif de Soliman qui s’est vu retirer, d’un seul coup, quatre points au classement général suite aux deux réclamations formulées par l’ASG et par l’USBG sur la base de ce même article 53 (amende non acquittée pour un dirigeant ou membre du staff technique). La direction du club de Soliman proteste contre le fait de n’avoir pas été traitée sur un pied d’égalité avec les autres clubs, objets de réclamations en n’ayant pas été avertie par la Ligue pour présenter sa version, ses justificatifs et ses moyens de défense en première instance. Mais en reconnaissant implicitement n’avoir pas payé l’amende infligée, ses chances de voir la lourde facture de quatre points de perdus sur le tapis annulée demain, semblent assez réduites.
La menace d’aller au TAS en cas de confirmation du premier verdict de la Ligue ne serait que feu de paille et l’illustration de cette forte pression exercée sur les organes juridictionnels pour obtenir des verdicts contraires aux règlements actuels en vigueur. On peut certes incriminer tous ces textes qui nuisent au mérite sportif, mais on doit aussi apprendre à lire et assumer la responsabilité de ne pas avoir su en faire la bonne interprétation.