
Longtemps à la traîne, le secteur des énergies renouvelables connaît un nouveau dynamisme en Tunisie. Avec les réformes qui ont été engagées pour assouplir le cadre réglementaire, le regain d’intérêt des investisseurs privés pour la filière s’affirme.
Après des années d’accalmie, le secteur des énergies renouvelables retrouve son dynamisme. Certes, avec une part d’énergies renouvelables qui dépasse à peine les 4 % dans le mix énergétique national, la Tunisie a encore du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés (35 % d’ici 2030). Mais les réformes engagées ont permis d’insuffler un nouveau souffle à un processus longtemps entravé, et surtout de rétablir la confiance des investisseurs.
De l’avis des experts, le secteur des énergies renouvelables figure aujourd’hui parmi les domaines où le partenariat public-privé a su s’imposer et réaliser des avancées significatives. Simplification des procédures pour les projets d’autoproduction, publication du contrat type et de la tarification du transport — des mesures qui ont d’ailleurs incité de nombreuses entreprises privées à initier leur transition énergétique —, suppression des conditions liées au changement de vocation des terrains agricoles pour tous les régimes de production… Autant d’actions qui ont permis d’assouplir le cadre réglementaire en vigueur depuis 2015.
Une priorité nationale
« Le gouvernement tunisien a fait des énergies renouvelables une priorité nationale. Il agit en totale cohérence avec cette orientation. Nous observons un soutien remarquable et une coordination efficace de l’ensemble des parties prenantes », a affirmé, dans une déclaration à La Presse, Maha Ben Hmiden, représentante de la société norvégienne « Scatec », investisseur engagé dans trois grands projets d’énergies renouvelables en Tunisie.
L’experte a ajouté que le programme de transition énergétique, lancé en 2015, connaît aujourd’hui une nette accélération grâce à l’appui des autorités. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce programme a démarré en 2015. Mais ce sont des projets d’infrastructure qui nécessitent énormément de coordination et d’efforts entre différentes parties prenantes. Aujourd’hui, nous disposons d’un cadre bancable, donc finançable, capable d’attirer des financements extérieurs », a-t-elle souligné.
Et de poursuivre : « Nous avons tout : l’intérêt des investisseurs, celui des bailleurs de fonds, et surtout des ressources extraordinaires en Tunisie, que ce soit en énergie solaire ou éolienne. Le rythme s’est accéléré. Un premier appel d’offres a été lancé en 2018, un second en 2024, et un troisième est déjà lancé en 2025. Un nouvel appel d’offres est même attendu pour fin avril. La cadence s’intensifie. Nous sommes tous submergés de travail, mais très heureux de contribuer à la transition énergétique de la Tunisie ».
Des tarifs beaucoup moins chers
Ben Hmiden a, par ailleurs, indiqué que ce secteur est crucial non seulement en matière de capitaux d’investissement, mais aussi pour réduire la facture énergétique du pays. Selon elle, les prix proposés par les investisseurs sont très compétitifs, atteignant moins de la moitié du coût de l’électricité produite à partir du gaz.
Évoquant le rôle des énergies renouvelables dans l’indépendance énergétique, elle a rappelé que 97 % de l’électricité tunisienne est actuellement produite à partir du gaz, dont 50 % sont importés. « Nous dépendons du marché international et de ses fluctuations, alors que, dans le cadre des énergies renouvelables, les tarifs sont fixés pour les 25 prochaines années. Pour la Tunisie, ce secteur est vraiment porteur », a-t-elle affirmé.
D’autre part, ces projets contribuent à dynamiser les régions à fort potentiel solaire. L’experte souligne qu’ils constituent une véritable locomotive de développement régional, en faisant tourner l’économie locale, notamment à travers les sociétés de construction. « J’ai envie de dire que ce secteur est du pain bénit pour la Tunisie », a-t-elle conclu.
Pour rappel, en mars dernier, le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie a signé quatre contrats pour la réalisation de projets de production d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque, d’une capacité totale de 500 mégawatts (MW). Ces projets représentent un investissement global de 1 200 millions de dinars.Le premier projet, d’une capacité de 198 MW, sera implanté dans la région de Khobna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Trois autres projets, chacun d’une capacité de 100 MW, seront réalisés dans les régions de El Ksour (gouvernorat de Gafsa), Menzel Habib (gouvernorat de Gabès) et Mezzouna (gouvernorat de Sidi Bouzid). Leur mise en œuvre commencera en 2026, avec une entrée en exploitation prévue pour 2027.