Accueil Culture 5e rencontre du Théâtre Arabe de Hanovre : Faire face aux maux de l’époque

5e rencontre du Théâtre Arabe de Hanovre : Faire face aux maux de l’époque

C’est au pavillon de Hanovre, en plein cœur de la ville, qu’un cri d’humanité a résonné au fil des discours tranchants et concis, donnés par l’équipe engagée derrière l’organisation de cet évènement d’envergure, alternatif et distingué. Cette 5e rencontre, appelée aussi « Le Magma Project », met en exergue un théâtre arabe libre, universel, ancré dans son époque.

De nos jours, on reconnaît l’engagement et l’impact d’un geste artistique ou d’une manifestation culturelle par la portée de son message et des missions qu’elle prône, et ce, partout dans le monde… y compris en Allemagne. 

«Magma Project», ou la 5e rencontre du théâtre arabe à Hanovre, démarre en présence de son équipe, d’invités, d’artistes et de journalistes. Aux allures d’une rencontre intime et prolifique, très loin d’une cérémonie d’ouverture pompeuse, le festival voit défiler sur sa petite scénette située au pavillon artistique de la ville quelques acteurs culturels, les membres de l’équipe, à l’initiative du «Magma Project», et d’universitaires et docteurs.

Ce rendez-vous sobre s’érige tout en simplicité et pertinence et célèbre le démarrage de cette manifestation engagée, qui existe déjà depuis une quinzaine d’années. Elle crie les maux d’une région Mena / Arabe, secouée depuis par des bouleversements sociopolitiques et qui, depuis, tel un «Magma volcanique», ne cesse de bouillir.

Ponctuée par des intermèdes musicaux interprétés par la virtuose Marie Awadis, la levée du rideau s’est déroulée en paroles libres rappelant l’essence même de ce rendez-vous en langue allemande et en arabe et s’est clôturée en guise de fin par «Bells of Hope», un morceau musical envoûtant interprété toujours par Marie Awadis au Piano. 

Sabine Trötschel et Abdulrahman Alqalaq, deux membres de l’équipe, inaugurent la soirée et citent en premier les difficultés qu’ils ont eu à convier les collègues, alliés et invités de Beyrouth, au vu du contexte actuel de guerre qui prime. Une situation chaotique qui en cache une autre, celle liée à la libre circulation et aux visas imposés qui ont surtout posé des problèmes auparavant, moins cette année. «Beyrouth» est toujours sous les bombes à l’heure actuelle. Les deux membres rappellent la création du projet «Magma», sa pérennité et son importance dans une époque aussi complexe. «L’humanité écrasera tout ce qu’il y a de plus vil dans la politique », conclut le duo.

Le ministre des Sciences et de la Culture, Falko Mohrs, a pris la parole en soutien à la manifestation en rappelant l’effort et le travail immense des artisans du 4e art dans le monde, à Hanovre et dans le monde arabe. «Le théâtre est un art caractérisé par la diversité, la création et par les problématiques actuelles qu’il met toujours en valeur, avec une perpétuelle transmission de génération en génération et une pertinence ressentie, au-delà des frontières et des cultures. Le théâtre est une initiation aux dialogues, à l’échange, au débat fructueux et prospères entre les nations et les cultures». 

«The Waterproofed Artist» de Youness Atbane

Un solo dansant ponctué de silence et de discours directs s’est déroulé sur une heure de temps face à un public nocturne aux aguets, prêt à découvrir la création scénique de Youness Atbane, titrée «L’artiste imperméabilisé». Une création autour du décolonialisme vu par l’artiste, qui puise dans sa vie, au vécu entre deux rives de la Méditerranée pour questionner l’époque autrement.

C’est le post-décolonialisme qui est surtout sujet à l’interrogation au fil de différents thèmes traités. Futuriste, la création plonge le spectateur dans un avenir imaginé autrement. Youness Atbane, artiste polyvalent, se glisse dans différents rôles, tout en ayant un sens critique aigu et jusqu’à pointer du doigt une politique artistique répressive et colonialiste.

Sa création se passe en 2048, dans une biennale (fictive) de Venise. Atbane questionne les métiers de l’art, les mécanismes douteux mis aux service du marché de l’art et la domination culturelle.

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