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Les raisons d’un rejet

Editorial La Presse

LE nouveau modèle de développement national a fait de la revalorisation des petites et moyennes entreprises un fondement incontournable pour la garantie d’un retour rapide à la rentabilité et à la croissance. Un choix tout à fait légitime, surtout que les PME, qui dominent notre tissu économique avec plus de 80%, connaissent, depuis quelques années, des difficultés, notamment financières, assez soutenues. Il a fallu donc identifier de nouvelles approches de financement qui soient en mesure d’aider cette catégorie à retrouver un tant soit peu son équilibre financier.

L’accord de prêt de 80 millions d’euros signé par la République tunisienne et l’Agence française de développement (AFD) pour le financement des PME s’inscrit dans cette logique. Ce nouveau recours à l’endettement extérieur pour répondre à des urgences économiques est d’autant plus compréhensible que le marché financier national se montre de plus en plus incapable de satisfaire convenablement les exigences de notre tissu entrepreneurial.

Or, le 7 avril dernier, et à la surprise générale, l’Assemblée des représentants du peuple a rejeté le projet de loi relatif à cet accord, sous prétexte, entre autres, d’endettement extérieur excessif, de peu de visibilité au niveau de la gestion de cette ligne de financement et de transparence pour ce qui est des modalités de fonctionnement.

Un rejet que tous les experts qualifient de regrettable autant que ses prétextes, surtout que les conditions de cet emprunt étaient, de l’avis de tous, largement préférentielles : un remboursement sur 20 ans avec cinq années de grâce et, notamment, un taux d’intérêt initial de 3,1%. Le tout assorti de deux dons de l’AFD et de l’Union européenne respectivement de 0,8 et de 8 millions d’euros.

Un accord donc avantageux et qui ne pourrait aucunement, à en croire les experts, menacer la souveraineté nationale, encore moins compromettre nos engagements financiers internationaux.

Ce rejet est d’autant plus désolant que le prêt prévu devrait servir des objectifs de développement et non pas de fonctionnement, à travers surtout la dynamisation de l’appareil productif, le renforcement des opportunités d’emploi, et bien entendu la création de richesses.

Mais ce qui est réellement beaucoup plus désolant, c’est que l’ARP n’a cessé, depuis quelque temps, de multiplier les approbations de crédits avec des conditions beaucoup plus complexes, contraignantes même. On pense surtout à l’accord de prêt de l’Afreximbank, approuvé récemment au profit de la Banque centrale de Tunisie et dont les modalités ont été jugées par tous les analystes d’accablantes. Cela dénote donc une incohérence manifeste dans les démarches de l’instance nationale.  

De toute évidence, ce rejet, objet de polémiques, renvoie, encore une fois, au besoin de l’ARP de se doter d’une véritable commission d’experts assez qualifiés pour bien statuer sur de tels projets, sans risque de compromettre nos fondamentaux économiques et financiers.

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