
L’expert économique, Ridha Chkoundali, a récemment analysé les répercussions de la baisse des prix du pétrole sur l’économie tunisienne, notamment en matière de budget et d’investissement. Selon lui, cette chute, provoquée par les nouvelles décisions des États-Unis d’imposer des droits de douane supplémentaires, n’avait pas été anticipée par la plupart des pays, dont la Tunisie, lors de l’élaboration de leurs budgets pour l’année 2025.
Les facteurs influençant la baisse des prix du pétrole
Chkoundali a souligné dans une déclaration accordée à l’agence Tap que les fluctuations des prix du pétrole sont principalement déterminées par l’offre et la demande. Actuellement, l’impact des décisions américaines sur les droits de douane est au cœur des mouvements du marché. Après l’annonce de Donald Trump concernant l’imposition de nouvelles taxes douanières, les prix ont entamé une tendance baissière, alimentée par les préoccupations des opérateurs économiques. Ces derniers redoutent une baisse de la demande en raison de ces nouvelles restrictions commerciales.
L’expert a aussi expliqué que le budget de l’Etat au titre de l’année 2025 s’est basé sur un prix du baril de pétrole d’environ, 74 dollars, sachant qu’une baisse d’un dollar du cours du baril de Brent sur le marché international, au dessous du seuil de 74 dollars, tout au long de l’année, permettra à l’Etat, de dégager un excédent budgétaire de près de 140 millions de dinars.
Egalement, si le prix du Brent demeure à son niveau actuel, dans la limite de 65 dollars, jusqu’à la fin de l’année, le budget de l’Etat gagnerait près de 1260 MD, mais reste tributaire de la réalisation du taux de croissance prévue par le budget, permettant à l’Etat de rembourser ses dettes extérieures et d’approvisionner le marché local en produits de base, en matières premières et en équipements nécessaires à la production.
Cette tendance baissière du cours de Brent contribuera à la réduction du déficit commercial de la Tunisie, et de maintenir les réserves en devises, ce qui favorise la stabilité du cours du dinar contre les devises étrangères.
Cependant, cette chute des prix a également des répercussions négatives, notamment sur les projets d’exploration et de prospection pétrolières. L’expert a averti que des prix du pétrole trop bas pourraient dissuader les investisseurs de se lancer dans de nouveaux projets. Certaines compagnies américaines ont déjà annoncé qu’elles pourraient suspendre leurs activités de forage si les prix du pétrole restaient en dessous de 65 dollars le baril, une situation qui nuirait à la rentabilité de ces projets.
Le dilemme de l’ajustement des prix des produits pétroliers
Concernant les mesures de soutien social, Chkoundali a estimé que l’État tunisien ne devrait pas recourir au mécanisme d’ajustement automatique des prix des produits pétroliers, du moins dans le contexte actuel d’instabilité internationale. Bien que le pays puisse enregistrer un excédent budgétaire grâce à la baisse des prix du pétrole, l’éventualité d’une intensification de la guerre commerciale et de nouvelles hausses des taxes douanières par les États-Unis pourrait encore fragiliser l’économie tunisienne.
En outre, Chkoundali a évoqué le risque d’une stagnation économique mondiale et régionale, ainsi que d’une inflation généralisée, qui pourraient avoir des conséquences encore plus graves que celles engendrées par la pandémie de COVID-19. Selon lui, même si l’État tunisien bénéficie d’une situation budgétaire favorable à court terme, les incertitudes économiques mondiales, notamment en raison des politiques américaines, devraient être suivies de près.
Ainsi, bien que la Tunisie puisse tirer profit à court terme de la baisse des prix du pétrole, elle doit se préparer à gérer les risques économiques liés à l’instabilité mondiale, tout en équilibrant ses priorités sociales et économiques.