Accueil A la une Diaspora tunisienne : Une manne financière sous-exploitée

Diaspora tunisienne : Une manne financière sous-exploitée

Grâce à son attachement à la patrie, la diaspora tunisienne s’affirme comme un pilier stratégique de la relance. Malgré des transferts financiers records et une implication croissante, le potentiel de ces deux millions TRE reste encore loin d’être pleinement mobilisé.

Devenus un pilier incontournable de l’économie tunisienne, les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger continuent, depuis 2011, de jouer un rôle clé dans la stabilisation macroéconomique du pays. Avec la baisse des flux d’IDE, mais aussi du tourisme dans les années post-révolution, ces transferts ont largement contribué à stabiliser la balance des paiements. En hausse continue, ils ont permis à maintes reprises, et durant plusieurs années, de couvrir une part importante de la dette extérieure du pays. 

Représentant près de 7 % du PIB en 2024, les transferts de la diaspora tunisienne démarrent l’année 2025 sur les chapeaux de roue. Selon les données récentes de la Banque centrale, ils ont dépassé les 1.894 millions de dinars, enregistrant une hausse de plus de 7,2 % par rapport à la même période de l’année précédente. 

2 milliards de dinars d’investissement

Cette progression constante s’explique, bien évidemment, par une émigration en forte croissance, mais reflète aussi le lien viscéral qui unit les quelque deux millions de Tunisiens de la diaspora à leur terre natale. Et ce sont les chiffres qui le confirment : selon une étude récente réalisée par le « Tunisia Global Forum », 72 % des Tunisiens résidant à l’étranger effectuent des transferts vers leur pays d’origine, et 50 % possèdent un compte bancaire en dinars ou en devises. Plus de 50 % d’entre eux ont investi en Tunisie, pour un total de 2 milliards de dinars.

Outre sa contribution à l’équilibre de la balance des paiements, la diaspora tunisienne joue également un rôle important dans la stimulation d’un moteur de croissance crucial : la consommation. 

En effet, ladite étude a révélé que chaque visite d’un TRE génère en moyenne 1.800 dinars de dépenses, et la diaspora contribue à hauteur de 2 % aux recettes fiscales. Bien que ces chiffres démontrent que la diaspora constitue un levier économique stratégique, ils mettent également en lumière un potentiel encore insuffisamment mobilisé. Car, malgré ces apports, la Tunisie reste en deçà des performances d’autres pays comme le Maroc ou l’Égypte. Plusieurs actions peuvent pourtant être engagées pour renforcer la contribution de la diaspora à la relance économique. L’État peut intervenir en priorité sur le coût des transferts, qui pourrait être réduit de 8 % actuellement à 3 %, conformément aux taux pratiqués ailleurs. 

Pour une stratégie de « Brain Gain »

En outre, plusieurs études soulignent qu’une meilleure gouvernance de la migration et l’application de la nouvelle réglementation de change permettraient également de dynamiser ces flux. Sur un autre plan, la diaspora qualifiée représente un formidable levier pour stimuler les investissements productifs, offrant à la Tunisie une véritable opportunité grâce au vaste réseau de compétences tunisiennes rayonnant à l’international. C’est pourquoi de nombreux spécialistes insistent sur la nécessité de mettre en place une stratégie de « Brain Gain », visant à valoriser l’expertise des compétences tunisiennes à l’étranger à travers des projets de coopération et un renforcement des liens avec la Tunisie, afin d’en faire un moteur de développement. Une telle démarche permettrait également de limiter les départs qualifiés, souvent appelés la fuite des cerveaux.

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