
Le dinar tunisien a connu une amélioration notable de son taux de change par rapport au dollar américain, s’établissant à 2,99 dinars pour 1 dollar, selon les dernières données de la Banque centrale de Tunisie. Ce taux marque un retour sous la barre des 3 dinars, un seuil qui n’avait pas été atteint depuis 2022. À titre de comparaison, 1 euro se négocie actuellement à 3,39 dinars.
Bassem Neifer, analyste financier, a commenté cette évolution en indiquant que cette amélioration est principalement liée aux tendances internationales du marché des changes. Selon lui, la parité du dollar avec l’euro sur le marché tunisien suit les mêmes évolutions observées à l’échelle mondiale. Toutefois, il précise que cet ajustement ne doit pas être interprété comme un signe de redressement de l’économie tunisienne, mais plutôt comme une convergence du dinar tunisien avec les mouvements internationaux.
Effets à court et moyen termes
Neifer a souligné que l’amélioration actuelle du taux de change pourrait avoir des effets positifs à court terme, notamment en réduisant le coût des importations de produits pétroliers et d’énergies achetés en dollars. Cette situation, jugée favorable pour la Tunisie, intervient après un début d’année difficile marqué par le remboursement d’un prêt de 1 milliard de dollars au 30 janvier 2025, représentant environ 16 jours d’importations.
L’analyste a aussi précisé que les hypothèses budgétaires pour 2025 avaient été établies sur la base d’un prix du baril de pétrole à 77,4 dollars. Il estime que cette amélioration permettra également une reconstitution des réserves en devises étrangères, qui se sont récemment élevées à 103 jours d’importations.
À moyen terme, l’effet de la fluctuation de l’euro face au dollar pourrait affecter les exportations tunisiennes. En effet, l’exportation vers la zone euro, qui représente plus de 70 % des exportations tunisiennes, pourrait subir des pressions. Neifer avertit que l’augmentation du prix de l’euro pourrait réduire la compétitivité des produits européens, affectant ainsi les exportations tunisiennes, en particulier dans le secteur de l’industrie mécanique, électrique et textile.
Perspectives sur la dette extérieure
Concernant la dette extérieure, Bassem Neifer a minimisé l’impact direct de l’amélioration du taux de change sur les remboursements. En effet, il a noté que la dette tunisienne, fin 2024, était composée à 55,8 % d’euros et à 31,2 % de dollars. Selon lui, la réduction des remboursements de dettes en 2025, notamment après le remboursement du prêt de 1 milliard de dollars, entraînera une diminution de la part de la dette libellée en dollars, tandis que la part en euros restera élevée.
En conclusion, Neifer estime que, bien que l’endettement extérieur de la Tunisie soit revenu à des niveaux proches de ceux d’avant 2021, la situation aurait pu être encore plus favorable si les récents changements sur le marché des changes n’avaient pas été perturbés par les décisions américaines relatives aux droits de douane.