Accueil A la une Ksar Ouled Soltane : un joyau au cœur d’un projet de valorisation territoriale

Ksar Ouled Soltane : un joyau au cœur d’un projet de valorisation territoriale

Faisant l’objet d’un chantier de restauration et de travaux de valorisation menés par une mission archéologique conjointe tuniso-italienne depuis 2023, Ksar Ouled Soltane, situé à environ vingt kilomètres au sud de la ville de Tataouine, (sud-est de la Tunisie), vient d’être officiellement inauguré. La cérémonie s’est déroulée en présence du directeur général de l’Institut National du Patrimoine (INP), de l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, ainsi que de représentants de la municipalité de Nuoro en Sardaigne, de l’Agence italienne pour la coopération au développement et des autorités régionales.

Monument protégé par un arrêté en date du 21 janvier 2021 relatif à la protection des monuments historiques et archéologiques, le Ksar a fait l’objet de travaux de restauration et de valorisation dans le cadre du projet Rinova « Réhabilitation environnementale, Nouvel emploi et Valorisation du territoire » à Tataouine, « la Porte du désert » tirant son nom du mot berbère « tiṭṭawin », qui signifie « Yeux ».

Co-financé par l’Agence italienne pour la coopération au développement (2021-2025) et l’INP, le projet RINOVA, centré sur la valorisation des ressources de la région de Tataouine, est mené dans le cadre d’un partenariat entre la municipalité de Nuoro, la municipalité de Tataouine et l’association italienne ARCS, basée en Tunisie. Il s’inscrit dans le cadre des relations de coopération archéologique entre la Tunisie et l’Italie, remontant à une soixantaine d’années, à travers un réseau actif avec plusieurs institutions italiennes. Cette inauguration intervient, à la veille des deux journées d’études prévues les 23 et 24 avril 2025 au Musée National du Bardo pour dresser le bilan et esquisser les perspectives à venir à l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire de cette coopération.

Inscrit sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis la proposition de la Tunisie datée du 10 janvier 2020, Ksar Ouled Soltane est édifié sur un piton, non loin des anciens villages fortifiés de la région de Tataouine. Il s’agit de l’un de ces greniers collectifs fortifiés, appelés communément ksour (singulier ksar), qui témoignent d’un mode de vie semi-nomade et d’une forme d’organisation sociale traditionnelle fondée sur la solidarité et la force des liens tribaux. Le ksar est réparti sur deux cours, chacune disposant de greniers voûtés qui servent de réserves alimentaires appelés ghorfas (qui signifie pièce ou chambre), au nombre de 287, dont 96 autour de la cour extérieure, réparties sur trois à quatre étages, selon une présentation (2024) de Mounir Fantar, chargé de recherches historiques et archéologiques à l’INP.

Monument très visité par les visiteurs locaux et touristes étrangers, Ksar Ouled Soltane vient de faire peau neuve grâce la restauration des différentes composantes du site, la réhabilitation de plusieurs espaces en points de vente de produits locaux, ainsi que l’installation d’ateliers créatifs gérés par les femmes du groupement de développement agricole.

Vers des ksours plus vivants

La restauration du ksar, dans le cadre du projet RINOVA, ne se limite pas à la sauvegarde du monument. L’objectif étant de contribuer au développement local, à la valorisation du patrimoine culturel, en soutenant des projets d’infrastructure autour des ksours afin que la zone soit accessible et accueillante.

Ainsi, un groupement de développement agricole a été créé par une vingtaine de femmes du village, qui proposent des produits de terroir. Un label, « Tataoui », a également été lancé et confié à la gestion de l’Institut des Régions Arides (IRA) de Médenine, selon la même source.

Dans le cadre des interventions d’ARCS Tunisie en partenariat avec l’INP, des travaux de restauration ont également été menés à Ksar Zenata, dans le village de Maztouria, le plus ancien de la région, datant du XIIe siècle.

Ces projets s’inscrivent dans le cadre du renforcement et du développement du tourisme archéologique, qui, au-delà de la création d’emplois, représentent un véritable investissement pour renouveler et diversifier l’offre touristique au Sahara. Car ce territoire avec toute sa complexité géographique, historique et anthropologique, constitue une source d’inspiration et de créativité, faisant de lui un pont entre l’Afrique et l’ensemble de la Méditerranée.

© Image par Ian Sewell

 

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