
L’intelligence artificielle (IA) n’est pas seulement un sujet tendance en technologie. Elle promet de transformer divers aspects de nos vies, y compris le marché du travail. En effet, son impact ne sera pas uniforme dans tous les secteurs. Certains emplois seront plus sensibles à l’automatisation, tandis que d’autres seront probablement améliorés par les technologies de l’IA.
L’IA est sur le point de redéfinir de manière significative le marché du travail un peu partout dans le monde. Bien qu’elle présente des défis, elle offre également des opportunités de croissance économique et de développement. L’avenir du travail en Tunisie sera sans aucun doute façonné par l’IA, avec l’ambition de prospérer dans ce nouveau paysage. Alors que le déploiement de l’intelligence artificielle bat son plein dans divers domaines, les inquiétudes ne cessent de croître quant à l’avenir de certaines catégories professionnelles. Certains y voient une menace surtout pour le monde du travail, craignant tout simplement d’être, du jour au lendemain, à la merci de l’intelligence artificielle.
Cette anxiété persiste malgré les tentatives des organisations internationales visant à rassurer les travailleurs sur la pérennité de leurs postes. En effet, l’Organisation internationale du travail (OIT) a précisé que les pertes d’emplois dues à l’IA générative sont relativement faibles, mais que les effets seront néanmoins concentrés, en particulier parmi les employés de bureau.
Selon les observateurs du marché de l’emploi, la complémentarité entre intelligence humaine et IA, entre l’homme et la machine, permettrait à l’entreprise d’économiser du temps et de gagner en efficacité. Ils estiment que ceux qui travaillent aux côtés de l’IA profiteront d’un soutien décisif et seront beaucoup plus productifs en développant de nouvelles compétences et aptitudes supplémentaires. Il faut savoir que l’impact révolutionnaire de l’IA touche des secteurs vitaux, tels que l’enseignement et la santé.
L’IA change la donne
L’IA est-elle en train de repenser l’économie mondiale ? Une analyse du Fonds monétaire international (FMI) stipule que près de 40 % des emplois dans le monde sont exposés à l’intelligence artificielle (IA). Cet impact serait alors plus important pour les emplois hautement qualifiés et dans les économies avancées. En remplaçant certains emplois et en complétant d’autres, l’IA affecterait près de 40 % des emplois à l’échelle mondiale. Selon le FMI, il serait nécessaire de maintenir un équilibre prudent entre les politiques pour exploiter son potentiel. Le FMI estime que l’IA est susceptible d’affecter une plus grande proportion d’emplois, estimée à environ 60 %, dans les économies avancées. Dans la moitié de ces cas, les travailleurs pourraient bénéficier de l’intégration de l’IA, qui améliorerait leur productivité. Tandis que, dans d’autres cas, l’IA aurait la capacité d’effectuer des tâches clés actuellement réalisées par des humains, ce qui pourrait réduire la demande de main-d’œuvre.
Nouvelles perspectives
Faut-il avoir peur du développement exponentiel de l’IA ou, au contraire, se féliciter des avancées dans ce domaine ? L’intelligence artificielle offre aujourd’hui de nouvelles perspectives aux entreprises. En Tunisie, comme dans le reste du monde, la course aux données (big data) est lancée et leur exploitation crée de nombreuses opportunités. L’intégration de l’IA dans le monde du travail est une révolution complexe et multidimensionnelle. Elle offre des possibilités d’innovation et d’efficacité, mais soulève également des questions profondes sur la nature du travail, la valeur de l’expertise humaine et les droits des travailleurs dans l’ère numérique.
En Tunisie, cette technologie émergente suscite un intérêt croissant, alors que le pays cherche à saisir les opportunités qu’elle offre tout en se préparant aux défis qu’elle pose. Bien que l’IA puisse améliorer la productivité et la qualité du travail dans certains secteurs, elle peut également entraîner des suppressions d’emplois. Les études internationales prévoient que l’IA pourrait supprimer jusqu’à 7,2 millions d’emplois dans le secteur financier aux Etats-Unis en 2025, et que jusqu’à 800 millions d’emplois pourraient être éliminés d’ici 2030 à l’échelle mondiale. Une étude de l’Université d’Oxford précise même que 47 % des emplois aux États-Unis pourraient être automatisés d’ici 2033. Toutefois, l’avènement de l’IA ne se résume pas à une simple substitution des travailleurs humains par des machines. En réalité, il donne également naissance à de nouvelles opportunités et à des emplois émergents.
Par conséquent, de nouveaux emplois sont créés dans des domaines, tels que l’apprentissage automatique, l’analyse de données, l’ingénierie de l’IA, la robotique et d’autres secteurs connexes. D’ailleurs, le bureau d’études pluridisciplinaire IDC prévoit, dans une étude qu’il vient de publier que d’ici 2025, l’IA et l’automatisation contribueront à la création de 12 millions d’emplois dans le monde. Cependant, il est impératif que les individus et les sociétés s’adaptent à ce changement de paradigme. L’IA peut stimuler la croissance économique en favorisant l’innovation, en améliorant l’efficacité des entreprises et en ouvrant de nouveaux marchés. Dans une étude dédiée, l’organisme onusien estime que l’Open IA créera plus d’emplois qu’elle n’en détruira. Il suggère que la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation.
Quel apport de l’IA pour la Tunisie ?
Les entreprises tunisiennes reconnaissent de plus en plus les avantages de l’IA, notamment en termes d’efficacité opérationnelle, d’automatisation des processus, de prise de décision éclairée et d’innovation.
Le marché de l’emploi tunisien voit ainsi émerger de nouvelles opportunités dans le domaine de l’IA. Des postes, tels que les ingénieurs en IA, les scientifiques de données, les développeurs d’applications d’IA, les experts en apprentissage automatique et les spécialistes en analyse de données sont en forte demande. Ces métiers d’avenir offrent des perspectives prometteuses pour les jeunes talents tunisiens désireux de se lancer dans des carrières à la pointe de la technologie. La Tunisie est parmi les pays leaders en Stratégie IA. Elle occupe la 4e position en Afrique.
Elle a mis en place depuis 2018 des programmes d’intelligence artificielle pour permettre aux entreprises industrielles de renforcer leur compétitivité. En février 2022, quatre ministères se sont associés pour établir la stratégie nationale d’Intelligence Artificielle qui touche les domaines du transport, de la santé et de l’éducation. La Tunisie a été aussi parmi les premiers pays africains à se doter d’une instance nationale de protection des données, sachant que ces données forment la base des intelligences artificielles. La Tunisie a mis au point le label start up-Act qui a aidé beaucoup de jeunes novateurs à lancer leurs startup dans des domaines basés sur l’IA. Outre ce label, beaucoup d’incubateurs publics et privés ont été également d’un grand apport au niveau de la préparation et la formation de ces jeunes aux métiers d’entrepreneur.