
Depuis un demi-siècle, la carte orange facilite la libre circulation des automobilistes dans le monde arabe. À l’heure où elle devient entièrement digitale, cet outil assurantiel se réinvente pour répondre aux attentes des usagers de la route dans cette région.
Le Bureau unifié automobile tunisien vient de célébrer le 50e anniversaire de la carte orange d’assurance.
Organisée sous l’égide de la présidence du gouvernement et de l’Union générale des assureurs arabes, la cérémonie a réuni des représentants de plusieurs fédérations de compagnies d’assurance issues de l’ensemble du monde arabe et a mis en lumière le rôle central qu’a joué cette carte au cours des cinq dernières décennies.
Créée en 1975 à la suite d’un accord signé à Tunis par 11 gouvernements arabes — rejoints par la suite par 6 autres pays —, la carte orange est un système d’assurance unifié qui facilite la libre circulation des automobilistes dans l’espace arabe. « C’est un certificat d’assurance harmonisé qui permet aux conducteurs de circuler librement dans n’importe quel pays arabe. Il favorise la mobilité des usagers de la route, tout en dynamisant les échanges commerciaux et touristiques et en renforçant les liens entre les pays de la région », a déclaré Ahmed El Hadroug, directeur général du Bureau unifié automobile de Tunisie (Buat). Il a, également, précisé que près de 3 millions de cartes orange sont commercialisées chaque année par les compagnies d’assurance et les bureaux unifiés des pays arabes.
Cependant, en Tunisie la souscription à ce certificat reste timide, malgré un trafic routier soutenu avec les pays voisins. Ainsi, de nombreux voyageurs tunisiens continuent d’opter pour l’assurance frontière. Hadroug a, dans ce contexte, exhorté les conducteurs tunisiens à adopter la carte orange auprès de leurs assureurs pour bénéficier d’une liberté de déplacement dans toute la région.
De son côté, Hatem Amira, directeur exécutif de la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (Ftusa), a rappelé le rôle pionnier de la Tunisie dans cette initiative, étant le pays hôte de la signature de l’accord fondateur. « Cette carte a joué un rôle majeur, non seulement en matière d’assurance, mais aussi dans le développement du trafic routier et des échanges commerciaux et touristiques interarabes. Il est temps aujourd’hui d’envisager des améliorations, notamment en matière de protection des citoyens. La carte doit couvrir non seulement les victimes, mais également le véhicule et le conducteur. J’ai lancé un appel au secrétaire général de l’Union générale des assureurs arabe pour que l’organisation puisse se pencher sur la question », a-t-il affirmé.
Objectif : atteindre 5 millions de souscripteurs
Amira a également souligné la nécessité d’accélérer les procédures de dédommagement prises en charge par les bureaux unifiés arabes. « Le dédommagement en cas d’accident n’est pas un luxe : il peut financer les soins des victimes. Il est de notre devoir, en tant qu’Union arabe des assureurs, de garantir un traitement rapide et équitable des indemnisations », a-t-il précisé, ajoutant que des propositions d’amendements sont en cours pour renforcer la couverture assurantielle.
Chakib Abou Zaid, secrétaire général de l’Union générale des assureurs arabes, a de son côté mis en avant le succès de la carte orange, malgré les tensions géopolitiques qui secouent la région. Il a indiqué que plus de 2,25 millions de cartes ont été exportées l’an dernier, avec un objectif de 5 millions à court terme, un objectif atteignable étant donné l’importance du commerce bilatéral entre les pays arabes.
« Le trafic routier est dense dans la région du Golfe comme au Levant. Des milliers de camions circulent quotidiennement entre ces pays. Au Maghreb, le mouvement des passagers est également important : plus d’un million de Libyens entrent en Tunisie chaque année, ce qui représente à peu près 500.000 véhicules et c’est pareil pour les Algériens », a-t-il expliqué.
Il a indiqué que le passager peut acquérir sa carte orange dans son pays ou à la frontière du pays arabe qu’il compte visiter. Cette dernière couvre la responsabilité civile dans le pays hôte et c’est le bureau unifié automobile qui est en lien avec les autres bureaux et sociétés d’assurance dans la région qui se charge du dédommagement.« En comparaison avec la carte verte utilisée en Europe, la carte orange est bien avancée.
C’est la première à avoir intégré un QR code et à être entièrement digitalisée », a-t-il souligné. Lors de la cérémonie, les représentants des bureaux unifiés ont procédé à la signature d’une révision de l’accord régissant la carte orange, sous la supervision du secrétaire général de l’Union générale des assureurs arabes et de la directrice générale du Comité général des assurances de Tunisie. « Aujourd’hui, on est passé d’une carte matérielle à une carte digitalisée. C’est l’occasion de rappeler que la protection des données personnelles des utilisateurs de la carte est une priorité pour nous », a conclu Chakib Abou Zaid.