
Digitalisation des services fournis, multiplication des efforts de sensibilisation à l’assurance, promotion de l’assurance vie … les assureurs s’activent sur tous les fronts pour maintenir la performance du secteur.
Rencontré en marge de la cérémonie de célébration du 50e anniversaire de la carte orange d’assurance interarabe organisée à Tunis, Hatem Amira, directeur exécutif de la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (Ftusa), est revenu sur la performance du secteur, mais aussi sur les défis rencontrés par les assureurs en Tunisie.
Il a rappelé, dans ce contexte, que le secteur a enregistré en 2024 un taux de croissance de 10 %, et ce, malgré le ralentissement de l’activité économique. « Cette performance est le résultat des efforts fournis par les compagnies d’assurance en matière de sensibilisation à l’assurance, mais aussi grâce aux solutions technologiques qu’elles adoptent progressivement et qui ont permis d’améliorer les services rendus.
Sans oublier que l’assurance vie est en train de progresser en Tunisie », a-t-il affirmé. Interrogé par La Presse sur l’état des lieux de l’assurance vie, Amira a fait savoir que ce segment représente 30 % des revenus globaux du secteur. Un taux jugé encore faible et en deçà de son véritable potentiel. « En matière d’assurance vie, nous pouvons faire mieux. Dans d’autres pays ayant misé sur ce segment, elle représente jusqu’à 70 % de l’activité assurantielle », a-t-il précisé.
Des projets en cours
Selon ses dires, ce taux limité s’explique par une certaine réticence à l’égard de ce type de couverture, mais surtout par l’absence d’incitations fiscales susceptibles de dynamiser cette activité.
« Il y a une réticence culturelle de la part d’une partie de la population, pour qui l’assurance vie rime avec mort. Mais je pense qu’il faut surtout travailler sur les incitations fiscales. L’exonération d’impôts peut être un catalyseur incitant les assurés à opter pour l’assurance vie plutôt que pour l’épargne bancaire. Je rappelle que l’assurance vie est bénéfique à plusieurs niveaux : elle constitue une épargne pour l’assuré, mais elle permet aussi à l’Etat d’investir ces montants puisqu’on parle d’épargne à long terme », a-t-il ajouté.Le directeur exécutif de la Ftusa a, par ailleurs, indiqué que le taux de pénétration de l’assurance en Tunisie est de 2,5 %.
Un chiffre qui peine à décoller, mais qui, selon lui, représente des marges de croissance considérables. « Je ne considère pas ce taux comme un point négatif, mais plutôt comme un potentiel de développement. Si l’on multiplie les efforts en faveur de l’assurance vie, si l’on veille au respect de la loi concernant les assurances obligatoires — qui profitent avant tout aux bénéficiaires en cas de sinistre — et si l’on améliore les services offerts, on peut atteindre facilement un taux de pénétration de 5 % », a-t-il estimé. Amira est également revenu sur les projets prioritaires en cours au sein de la Ftusa, notamment la digitalisation des services d’assurance. Il a affirmé que le système d’interopérabilité entre assureurs, lancé le 1er janvier, est aujourd’hui pleinement opérationnel.
« Ce système a permis d’améliorer la qualité des services rendus aux assurés, notamment en raccourcissant les délais de traitement des dossiers et de versement des indemnités», a -t-il souligné. Il a d’autre part, annoncé le lancement prochain d’un constat amiable digital, disponible via une application mobile, qui facilitera cette étape souvent complexe.
« Ce nouvel outil permettra de surmonter les obstacles fréquemment rencontrés lors de cette procédure », a-t-il indiqué. L’interlocuteur a aussi rappelé la mise en place de l’Agence de lutte contre la fraude à l’assurance, qui va permettre de garantir un traitement équitable pour les assurés.Amira a, par ailleurs, indiqué que les tarifs d’assurance n’ont pas évolué depuis 2017. C’est pourquoi la fédération a adressé une demande au ministère des Finances concernant l’augmentation des tarifs. Les discussions sont actuellement en cours et les assureurs espèrent une augmentation de 15 à 20% concernant les tarifs relatifs à la responsabilité civile.