Accueil Economie Impacts économiques de la nouvelle politique étrangère américaine sur la Tunisie : Des stratégies proactives pour une meilleure résilience économique

Impacts économiques de la nouvelle politique étrangère américaine sur la Tunisie : Des stratégies proactives pour une meilleure résilience économique

Le 2 avril 2025 a été un tournant dans l’économie mondiale depuis que Donald Trump a imposé de nouvelles mesures douanières sur les importations en provenance de 180 pays dont la Tunisie. Une annonce qui a suscité des interrogations quant à ses répercussions économiques et géopolitiques.

L’administration américaine a prévu pour la Tunisie une taxe de 28 % sur les biens importés, alors que certains pays feront face à des taxes plus sévères.  Cette décision a mis l’économie mondiale dans une position délicate, exacerbant les incertitudes concernant l’avenir des échanges transatlantiques. Cette décision de faire appliquer des taxes douanières sur plusieurs produits émanant de plusieurs pays, notamment de l’UE et de la Chine, commence à se faire sentir, avec une grande perturbation des marchés financiers, une chute des prix du pétrole et l’envolée des prix des matériaux précieux, notamment l’or.

L’onde de choc 

La politique économique et commerciale de l’administration américaine continue de faire des remous partout dans le monde et risque de changer profondément les relations internationales. L’offensive protectionniste américaine est en train de tout emporter sur son passage et les ripostes n’ont pas tardé.

Depuis, « l’incertitude s’est emparée des marchés financiers », résume l’agence Bloomberg dans une analyse. En effet, les économistes ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance aux États-Unis, établies à 1,8 % en 2026, contre 2,3 % en 2024 et 1,9 % en 2025. Plusieurs banques centrales ont également été contraintes de prendre en compte l’impact inflationniste potentiel de la hausse des coûts d’importation. Les dernières mesures protectionnistes ont provoqué une onde de choc dans le commerce international, imposant des droits de douane plus élevés sur une large gamme de produits importés par les États-Unis.

Certainement, le choc causé par les annonces de Donald Trump a suscité moult réactions et revirements. Ce choc néo-protectionniste américain est un tournant majeur, même s’il reste difficile à ce stade d’en imaginer toutes les conséquences, à court terme comme à long terme. Globalement, l’incertitude porte sur l’ampleur des répercussions et de la reconfiguration des échanges mondiaux et du système financier international. Et l’incertitude sur la tournure que va prendre la guerre commerciale demeure importante, de même que les craintes qui en découlent sur la croissance mondiale. 

Ces changements pourraient inciter la Tunisie à diversifier ses partenariats économiques et à renforcer sa production locale. 

Les exportations tunisiennes vers les États-Unis, principalement dans le secteur agroalimentaire (huile d’olive conditionnée) et dans le textile, pourraient être impactées par les mesures annoncées des droits de douane.

Face aux défis économiques mondiaux actuels, notamment ceux induits par les politiques américaines et les fluctuations monétaires internationales, « la Tunisie doit adopter des stratégies proactives pour renforcer sa résilience économique », souligne l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) dans sa récente  étude sur les impacts économiques de la nouvelle politique étrangère américaine, où elle propose quelques pistes clés pour y parvenir. L’Institut propose, à cet effet, la diversification des partenariats économiques face aux tensions économiques mondiales et aux évolutions de la politique américaine. Il s’agit, également, de maintenir des relations solides avec l’Union européenne tout en renforçant les liens avec la Chine qui pourrait offrir à la Tunisie une meilleure résilience face aux incertitudes mondiales. « La Chine est déjà devenue le deuxième plus grand fournisseur de biens pour la Tunisie, après la France. Cela permettrait également d’exploiter pleinement les opportunités commerciales offertes par ces deux géants économiques », précise l’Iace. 

La Tunisie bénéficie déjà de plusieurs accords commerciaux qui lui permettent d’élargir ses débouchés à l’international. « L’accord d’association avec l’UE, ainsi que les accords préférentiels avec des blocs régionaux africains  offrent des opportunités que les entreprises tunisiennes pourraient mieux exploiter à travers une stratégie d’exportation plus ciblée. En outre, l’exploration de nouveaux accords bilatéraux avec des partenaires émergents, comme l’Inde ou la Turquie, permettrait à la Tunisie de diversifier encore davantage ses flux commerciaux et d’accroître sa résilience face aux chocs externes ».

Renforcer la production locale est essentiel aussi pour réduire la dépendance aux importations et stabiliser l’économie. Selon la même source, le renforcement des chaînes de valeur locales est essentiel pour favoriser une économie plus autonome et résiliente. Il s’agit de soutenir des secteurs économiques stratégiques, tels que le textile, l’agroalimentaire, et d’autres industries locales. « En investissant dans ces secteurs, on pourrait réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Cela implique également d’améliorer l’intégration verticale dans ces secteurs ». 

Pour que ces investissements dans les secteurs stratégiques soient réellement fructueux, « il est crucial d’encourager les entreprises locales à se développer et à être compétitives à l’échelle internationale. Cela peut passer par un accès facilité à des financements adaptés ».

Optimiser la gestion monétaire et budgétaire

L’étude montre qu’une gestion prudente du système financier est décisive pour limiter les impacts négatifs des perturbations externes sur l’économie tunisienne. « Cela implique la mise en place de stratégies à la fois monétaires et budgétaires pour protéger la stabilité financière et soutenir le pouvoir d’achat des citoyens. La politique monétaire doit être un outil central dans la gestion des chocs externes, comme les fluctuations des taux de change, notamment l’appréciation du dollar par rapport au dinar tunisien. Cette appréciation peut rendre les importations plus chères, exacerbant ainsi l’inflation et réduisant le pouvoir d’achat des citoyens ». 

Et d’ajouter que l’adaptation du budget national afin de soutenir la stabilité économique face aux crises externes nécessite une gestion rigoureuse des finances publiques, notamment par le biais de subventions ciblées, pour atténuer les effets négatifs de l’inflation.

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