Accueil A la une Mohsen Hassan : “La prévision de croissance de 3,2 % pour 2025 est irréaliste”

Mohsen Hassan : “La prévision de croissance de 3,2 % pour 2025 est irréaliste”

L’ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, a exprimé de vives réserves quant aux prévisions de croissance du gouvernement tunisien pour l’année 2025. Lors de son passage ce lundi 28 avril 2025 sur les ondes d’Express Fm, il a estimé que le taux de croissance inscrit dans la loi de finances – fixé à 3,2 % – est “déconnecté” des réalités économiques internationales, notamment des nouvelles tensions commerciales provoquées par le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Selon lui, cette estimation n’intègre ni l’impact des droits de douane instaurés par Washington, ni les signes de ralentissement généralisé de l’économie mondiale. Il rappelle à ce titre que la Banque mondiale prévoit pour la Tunisie un taux de croissance de seulement 1,9 % en 2025, avec une nouvelle baisse à 1,6 % en 2026.

Mohsen Hassan a souligné que le Fonds Monétaire International (FMI) se montre encore plus pessimiste, tablant sur une croissance de 1,4 % pour les années 2025 et 2026. Cette prudence s’explique, selon lui, par les effets combinés de la guerre commerciale entre grandes puissances et des droits de douane américains, qui risquent de plonger l’économie mondiale dans une phase de stagflation (inflation élevée et faible croissance).

L’Union européenne, principal partenaire commercial de la Tunisie, serait particulièrement vulnérable à ces perturbations. Cette situation pourrait affecter négativement les exportations tunisiennes vers l’Europe, contribuant à une contraction de l’activité économique nationale.

Des fragilités internes persistantes

Au-delà des facteurs externes, l’ancien ministre a pointé plusieurs éléments internes qui freinent la croissance en Tunisie : la baisse des investissements et de l’épargne, un climat des affaires jugé peu attractif, et un cadre législatif inadapté, notamment en ce qui concerne les sanctions liées aux chèques impayés, qui nuisent à la fluidité des transactions économiques.

Néanmoins, Mohsen Hassan a souligné que certains secteurs pourraient porter une dynamique de croissance, à l’image de l’agriculture, du tourisme et des transferts de devises en provenance des Tunisiens de l’étranger.

Concernant l’inflation, il a rappelé que l’économie tunisienne traverse depuis quinze ans une succession de crises : révolution de 2011, pandémie de COVID-19, guerre en Ukraine, et désormais tensions géoéconomiques mondiales. Face à cette instabilité prolongée, il appelle à des mesures urgentes.

Parmi les solutions proposées : une réforme fiscale ciblée, une relance des projets publics structurants et un soutien renforcé au secteur privé. Il exhorte également la Banque centrale, les banques commerciales et les autorités financières à agir ensemble pour préserver le tissu économique du pays.

 

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