
S’installer dans un quartier difficilement accessible et y proposer une démarche artistique et une programmation culturelle innovantes pouvait ne pas sembler évident. Et pourtant, au 32 bis, on a tenté l’expérience.
Il faut avouer que l’entreprise était courageuse, et qu’ils avaient été quelques-uns à la tenter avec témérité. S’installer dans un quartier difficilement accessible et y proposer une démarche artistique et une programmation culturelle innovantes pouvait ne pas sembler évident. Cela d’autant plus que le centre-ville avait, depuis longtemps, été déserté par les espaces d’art au profit de la banlieue nord.
Et pourtant. Au 32 bis, à un jet de pierre de la place Barcelone, dans l’ancien siège de Philips, joli petit immeuble aux proportions harmonieuses, construit au début des années 50, on a tenté l’expérience : en faire un lieu hybride, alternatif, de recherche, de création, d’exposition et de partage des savoirs. Les lieux ont été repensés, déstructurés et réorganisés en quatre niveaux consacrés à des espaces d’exposition, mais aussi des ateliers et une médiathèque. La façade, habillée par l’artiste peintre Atef Maâtallah, raconte l’histoire du quartier et de ses habitants. Là-bas, on réfléchit, on anticipe, on devance l’air du temps, on tente des expériences, on publie, on organise de belles rencontres.
Et si on peut reprocher au 32 bis de ne pas suffisamment communiquer, c’est que l’essentiel chez eux est de faire avant que de faire savoir. L’exposition actuelle qui s’y tient est une belle exposition de photos « Terre des puits », mais aussi un appel lancé. Sur un territoire désertique, une constellation de puits marque le chemin des nomades. Ces sources d’eau sont des lieux de refuge, des lignes de sauvetage pour eux, leurs troupeaux et la faune sauvage. Ces puits sont des lieux d’hospitalité pour les vivants. Mais pour combien de temps encore ? L’exposition a été montée avec la collaboration des habitants de ces territoires. Elle présente des photos, mais aussi des cartes, des vidéos et des histoires. Elle lance un appel collectif pour imaginer un avenir possible dans le désert.
Mais le cœur battant du 32 bis, le lieu d’attraction de tous ceux pour qui l’art et son histoire ne peuvent être étrangers, est certainement la médiathèque. Toujours en cours d’évolution, cette médiathèque réunit tous les documents ayant trait à l’histoire de l’art. Tout ce qui concerne les arts visuels, livres, catalogues, travaux universitaires, mais aussi affiches, invitations, articles de journaux, a été soigneusement réuni, classé, classifié, organisé et mis à disposition des chercheurs. On y trouvera des collections de revues disparues, de travaux savants, d’études oubliées et bien sûr tout ce qui se publie actuellement. Alors si le 32 bis doit communiquer, ce serait bien pour faire connaître cette médiathèque, lieu où l’on s’attache à préserver la mémoire de la vie artistique du pays.