
La prévalence de la consommation de tabac chez les jeunes âgés entre 13 et 15 ans et l’engouement pour la cigarette électronique chez cette tranche d’âge basée sur une perception erronée des risques peu élevés qu’elle peut représenter pour la santé ont de quoi inquiéter. Les résultats d’une enquête réalisée conjointement par le ministère de la Santé, une représentante de la médecine scolaire et universitaire et l’OMS sur les différentes pratiques du tabagisme (tabac électronique ; tabac chaud, chicha) chez les jeunes âgés entre 13 et 15 ans auprès d’un échantillon de 2745 collégiens inscrits dans des collèges publics et privés seront présentés le 31 mai à l’occasion de la journée mondiale sans tabac.
Cette enquête s’est basée sur la même méthodologie que les enquêtes réalisées sur le tabagisme à l’échelle mondiale afin de pouvoir faire des comparaisons par rapport aux autres pays, a relevé Docteur Salsabil Rejaibi, Professeur assistante hospitalo-universitaire à la faculté de médecine de Tunis lors de son intervention sur Express FM. Elle s’est articulée autour des paramètres suivants : l’usage du tabac sous toutes ses formes chez la tranche d’âge comprise entre 13 et 15 ans, l’intention d’arrêter de fumer chez ces jeunes, l’exposition au tabagisme passif dans le milieu familial et scolaire et l’exposition aux spots publicitaires sur les produits à base de tabac et l’accessibilité de l’adolescent au tabac dans son environnement.
Les résultats de cette enquête ont montré que sur l’échantillon de 2745 collégiens âgés entre 13 et 15 ans, 14% consomment des produits à base de tabac toutes formes confondues (cigarette, cigarette électronique, chicha…). Par ailleurs, un élève sur 12 fument des cigarettes classiques, un chiffre qui affiche un léger recul par rapport aux statistiques des années précédentes contrairement à la consommation de la cigarette électronique qui a, par contre, augmenté avec une prévalence d’un élève sur six (20% sont des garçons et 10% des filles). Toujours selon les résultats de cette enquête, plus d’un tiers des élèves sont exposés au tabagisme passif au sien du milieu familial tandis que 50% ont été exposés au tabagisme dans un espace fermé.
Avoir d’ailleurs des parents fumeurs serait l’un des principaux facteurs à l’origine de l’initiation à la première cigarette chez les enfants et les adolescents. « Il y a beaucoup de travail à faire pour lutter contre le fléau, a observé de son côté Professeur Sonia Maalej pneumologue et chef de service des maladies respiratoires à l’hôpital Abderrahmane Mami. Le phénomène du tabagisme prend de plus en plus d’ampleur d’autant plus que fumer commence à un âge de plus en plus précoce. L’âge de la première cigarette se situe autour de sept ans ». Fumer très tôt expose à des pathologies graves à l’âge adulte. « J’ai eu en consultation, un jeune âgé d’une trentaine d’années qui avait un cancer du poumon au stade terminal. Le message le plus important qu’il faut passer c’est l’importance d’éviter la première cigarette car c’est elle qui va entrainer un comportement addictif chez l’enfant et l’adolescent. Les parents et les éducateurs ont un rôle très important à jouer dans la sensibilisation des adolescents aux risques liés au tabac » conclut le médecin.