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Croissance modérée en région Mena  
Le FMI alerte sur un climat d’incertitude mondial  

La Presse — L’économie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) devrait enregistrer une accélération modérée en 2025, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), publiées jeudi. Toutefois, cette embellie reste fragile, en raison d’un contexte mondial de plus en plus incertain. Le FMI table désormais sur une croissance de 2,6 % pour la région en 2025, et de 3,4 % en 2026, contre 1,8 % en 2024. Si ces chiffres témoignent d’une reprise, ils marquent, néanmoins, un net ralentissement par rapport aux projections publiées en octobre dernier. « La croissance devrait toujours s’accélérer, mais à un rythme nettement plus lent que prévu », souligne l’institution. Malgré l’intensification des tensions commerciales mondiales, notamment entre les États-Unis et la Chine, le FMI estime que l’impact direct sur les pays de la zone Mena restera limité. « L’intégration économique entre les Etats-Unis et les pays de la région est relativement faible, et le secteur de l’énergie a été, jusqu’à présent, épargné par les nouvelles barrières douanières », a précisé Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, dans un entretien accordé à l’AFP. Mais les incertitudes globales pèsent sur les investissements, les marchés financiers et les prix du pétrole, accentuant leur tendance à la baisse. C’est dans ce contexte que les prévisions de croissance pour les pays exportateurs de pétrole de la région ont été revues à la baisse de 1,7 point de pourcentage.

Derrière ces moyennes régionales se cachent, toutefois, de profondes disparités. Les pays du Golfe devraient bénéficier d’une croissance autour de 3 % en 2025, tandis que des économies comme l’Iran ou l’Irak pourraient entrer en récession, avec une contraction prévue de 1,5 %. Quant aux pays en conflit — Soudan, Yémen, territoires palestiniens —, leurs perspectives économiques demeurent sombres. Le retrait progressif de l’aide internationale aggrave la situation : « Depuis 2021, l’aide humanitaire a chuté d’environ 25 %, et la tendance devrait se poursuivre», alerte Azour. Le Liban, confronté à une profonde crise économique et à des tensions croissantes, a vu son PIB chuter de 7,5 % en 2024. Aucun chiffre n’a été avancé par le FMI pour l’année en cours, pas plus que pour la Syrie, où treize années de guerre ont laissé un pays exsangue. Une reprise pourrait émerger à la faveur des efforts de reconstruction, mais les besoins en financement restent colossaux.

Selon le responsable, les pays du Golfe se disent prêts à appuyer ces processus de redressement, à condition que les Etats concernés s’engagent résolument dans des réformes économiques et sociales. « Il est essentiel que ces pays instaurent un cadre de gouvernance sain et restaurent la confiance. Sans cela, aucune relance durable ne sera possible ».

Union européenne
L’inflation se stabilise, mais la pression sur les services inquiète la BCE

L’inflation dans la zone euro est restée stable à 2,2 % en avril sur un an, selon l’estimation publiée vendredi par Eurostat. Ce chiffre, conforme aux attentes, confirme une accalmie générale des prix après les pics enregistrés en 2022. Mais derrière cette stabilité apparente se cachent des signaux plus préoccupants, notamment du côté des services. L’indice d’inflation sous-jacente — qui exclut les prix de l’énergie et de l’alimentation, jugés trop volatils — a, en revanche, surpris les analystes par son rebond à 2,7 %, contre 2,4 % en mars. Un résultat supérieur aux prévisions des économistes, qui tablaient en moyenne sur une progression de 2,5 %, selon les enquêtes de Factset et Bloomberg. Le principal moteur de cette hausse est venu des services, dont les prix ont grimpé de 3,9 % sur un an, après une augmentation de 3,5 % en mars. Ce secteur, très dépendant de la main-d’œuvre, est particulièrement scruté par la Banque centrale européenne (BCE), car les évolutions des prix y sont souvent étroitement liées à celles des salaires. Or, une spirale salaires-prix est précisément ce que redoute l’institution monétaire de Francfort. « Une inflation persistante dans les services pourrait compliquer la mission de la BCE, en retardant le retour durable à une stabilité des prix », alertent plusieurs analystes. La situation est d’autant plus délicate que l’inflation globale, après avoir chuté à 1,7 % en septembre 2024 — son plus bas niveau depuis plus de trois ans — est remontée au-dessus du seuil des 2 % depuis octobre.

Cette remontée ne remet, toutefois, pas en cause, pour l’heure, la stratégie de détente monétaire entamée en juin 2024. Depuis cette date, la BCE a abaissé ses taux directeurs à sept reprises, rompant ainsi avec la politique de resserrement monétaire drastique engagée en 2022, au plus fort de la crise inflationniste provoquée par la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’énergie. Malgré les incertitudes mondiales, notamment les tensions commerciales alimentées par les nouvelles hausses de droits de douane décidées par l’administration Trump, la BCE se montre prudemment optimiste. Son vice-président, Luis de Guindos, a affirmé que la trajectoire désinflationniste devrait se poursuivre, soulignant « une dynamique encourageante, même si les risques extérieurs restent présents ».

Face aux tarifs Trump
L’UE prépare une riposte commerciale à 50 milliards d’euros

La tension commerciale entre Bruxelles et Washington reprend de l’ampleur. Pour répondre aux hausses tarifaires imposées par Donald Trump sur les exportations européennes, l’Union européenne envisage de rééquilibrer la balance commerciale en augmentant ses achats de produits américains à hauteur de 50 milliards d’euros.  C’est ce qu’a annoncé Maros Sefcovic, commissaire européen au Commerce, dans un entretien accordé au Financial Times, publié jeudi 1er mai. « Si nous considérons que le déficit s’élève à 50 milliards d’euros, je pense que nous pouvons vraiment résoudre ce problème très rapidement grâce aux achats de GNL [gaz naturel liquéfié], ou de certains produits agricoles comme le soja», a-t-il expliqué. Cette ouverture vise à apaiser les tensions, alors que l’ancien président américain, de retour en campagne, durcit le ton sur le commerce extérieur.

L’Union européenne négocie actuellement la levée de surtaxes américaines déjà en vigueur : 25 % sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, et 10 % sur la majorité des autres produits européens. Ces taxes, réactivées ou étendues par Donald Trump depuis le début de l’année, sont justifiées par la Maison Blanche comme une réponse à un supposé déséquilibre commercial massif entre les deux blocs.

Mais Bruxelles conteste cette lecture. Selon les estimations européennes, le déficit commercial global de l’UE vis-à-vis des Etats-Unis ne dépasserait pas 50 milliards d’euros — un chiffre bien inférieur aux centaines de milliards évoqués par Trump, une différence qui s’explique notamment par la prise en compte des services dans le calcul européen. Sur la question d’un prélèvement minimum de 10 % sur les importations, comme suggéré par l’administration américaine, Maros Sefcovic a opposé une fin de non-recevoir. «Un tel niveau est considéré comme très élevé», a-t-il déclaré, soulignant qu’il serait difficile de faire accepter un accord de ce type aux Etats membres et au Parlement européen. «Il sera très difficile de parvenir à un accord qui soit clairement bon et acceptable pour nos États membres et notre Parlement», a-t-il prévenu. La balle est désormais dans le camp des négociateurs. Tout accord commercial conclu par la Commission européenne devra être approuvé à l’unanimité par les 27 Etats membres, puis ratifié par le Parlement européen. Un chemin semé d’embûches, alors que les questions de souveraineté économique et de dépendance énergétique sont devenues hautement sensibles dans le contexte géopolitique actuel.

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