
L’Union du Maghreb arabe (UMA), malgré quarante accords commerciaux signés entre ses membres, n’a pas réussi à dépasser le seuil symbolique de 5 % d’échanges intra-régionaux.
Ce chiffre, évoqué ce mardi 6 mai 2025 par l’économiste et l’ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, lors de son passage sur les ondes de la radio Express FM, place le Maghreb en queue de peloton des blocs économiques mondiaux, loin derrière l’Union européenne (70 %) ou l’Asie du Sud-Est (22 %).
Des barrières politiques et douanières paralysantes
Selon l’économiste et ancien ministre, l’Algérie et la Libye, principaux partenaires commerciaux de la Tunisie au sein de l’UMA, “multiplient les obstacles”. Alger “impose des restrictions douanières aux produits tunisiens, tandis que Tripoli s’apprête à instaurer de nouvelles taxes à l’importation”. Ces pratiques, contraires aux accords signés, illustrent le manque criant de volonté politique dénoncé par l’intervenant.
La Tunisie, pourtant moteur des échanges régionaux, voit 55 % de ses exportations maghrébines absorbées par la Libye et 90 % de ses importations provenir de l’Algérie. Ces déséquilibres, couplés à des infrastructures de transport défaillantes et à des politiques monétaires divergentes, asphyxient les potentialités économiques de la zone.
Vers une alternative à l’UMA ?
Face à cette paralysie institutionnelle, l’ancien ministre plaide pour la création d’un nouveau cadre de coopération économique, indépendant des blocages politiques actuels. Cette structure, pilotée par les acteurs privés maghrébins, pourrait impulser une véritable intégration des marchés, faciliter la libre circulation des marchandises et harmoniser les législations commerciales.
Le développement d’outils de financement communs et l’interconnexion des systèmes bancaires apparaissent comme des priorités pour sortir de l’impasse. Hassan insiste sur l’urgence de mettre en place des mécanismes innovants pour soutenir les échanges transfrontaliers et les investissements régionaux, seuls capables de donner corps au vieux rêve d’un Maghreb économique unifié.
Alors que la Tunisie reste le pays le plus engagé dans le respect des accords régionaux, le temps presse pour relancer la dynamique d’intégration. Sans une rupture avec les logiques protectionnistes et un saut qualitatif dans la coopération infrastructurelle, le Maghreb risque de manquer définitivement le train de l’intégration économique régionale.
Mohsen Hassan a souligné que si les pays de l’Union du Maghreb arabe parvenaient à surmonter leurs obstacles mutuels et à développer leurs échanges commerciaux régionaux, la Tunisie pourrait alors accroître son taux de croissance économique de deux points supplémentaires.