Accueil A la une Entre fascination et fractures : le vrai visage de l’IA dans le monde selon le PNUD

Entre fascination et fractures : le vrai visage de l’IA dans le monde selon le PNUD

L’intelligence artificielle (IA) s’impose comme la nouvelle frontière du progrès technologique, mais le dernier Rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) met en garde : ses promesses pourraient autant creuser les inégalités que favoriser le développement, selon les choix collectifs qui seront faits.

Le rapport 2025, intitulé “Une affaire de choix : individus et perspectives à l’ère de l’IA”, commence par un constat sans appel : “Les écarts de développement humain sont en train de se creuser et les progrès enregistrés à l’échelle mondiale risquent de s’essouffler”. Après la crise de 2020-2021, la reprise de l’Indice de développement humain (IDH) mondial s’essouffle déjà. Selon le rapport, “il y a encore quelques années, nous étions bien partis pour atteindre un IDH mondial très élevé à l’horizon 2030. Aujourd’hui, on parle plutôt de plusieurs décennies”.

Les écarts entre pays à IDH faible et très élevé, qui se réduisaient depuis des décennies, “se sont de nouveau creusés ces quatre dernières années”. Le ralentissement touche toutes les régions du monde, en particulier les plus vulnérables.

L’IA, “la nouvelle électricité” : entre fascination et inquiétudes 

L’IA est désormais omniprésente, qualifiée de “technologie à usage général” et surnommée “la nouvelle électricité”. Mais le rapport dénonce une vision “terriblement étroite” de l’IA : “Les unes des journaux font une fixation sur la course aux armements et les décideurs politiques sur les risques”. Or, “il nous faut dépasser ces craintes pour entrevoir les possibilités qu’offre l’IA aux populations – des possibilités qui seront déterminées par les choix opérés”. Le rapport insiste sur la nécessité de replacer l’humain au centre : “Ces choix que les gens ont à leur disposition et qu’ils peuvent concrétiser, dans le cadre de libertés en constante progression, sont essentiels au développement humain dont le but est de faire en sorte que les individus mènent une vie enrichissante et qu’ils aient des raisons de l’apprécier”.

Une adoption massive, mais inégale de l’IA 

Une enquête mondiale menée dans 21 pays (représentant 63 % de la population mondiale) révèle que “quel que soit l’indice de développement humain (IDH) d’un pays, l’utilisation de l’IA est déjà importante (pour environ 20 % des personnes interrogées) et devrait augmenter rapidement”. Près de deux sondés sur trois s’attendent à utiliser l’IA dans l’éducation, la santé et le travail d’ici un an.

Mais cette adoption rapide masque des fractures : “Les voies de développement qui ont permis de créer des emplois à grande échelle et de réduire la pauvreté grâce à l’essor du secteur manufacturier et des exportations sont en train de se refermer partiellement”. Le rapport pointe aussi une “triple contrainte” : manque de financements extérieurs, recul du secteur manufacturier (en partie à cause de l’automatisation), et tensions commerciales.

Le rapport est clair : “Le développement dépend moins de ce que l’IA peut faire – de ses capacités apparemment humaines – que d’une mobilisation de l’imagination humaine pour réformer les économies et les sociétés afin de tirer le meilleur parti de cette technologie”.

L’IA excelle dans certaines tâches, comme “dégager d’un vaste ensemble de données une tendance qu’un humain ne pourrait que difficilement ou ne pourrait tout simplement pas percevoir”. Mais elle “produit des résultats médiocres, voire parfois de pures inventions” sur d’autres sujets. Les auteurs insistent : “Il y aura toujours des espaces, certes en constante évolution, dans lesquels les humains pourront briller”.

Un moment charnière : choix collectifs et nouveaux horizons 

Les sociétés arrivent à un moment charnière au-delà duquel les trajectoires dépendront en grande partie de deux facteurs : l’accès de ces sociétés à l’IA et la manière dont elles la perçoivent et l’utilisent. Ce sont des choix qui seront opérés par une minorité ou par le plus grand nombre.

Le rapport pose la question cruciale : Va-t-on se concentrer sur les chevauchements en opposant aux individus ce que Daron Acemoğlu appelle des so-so technologies (ou “technologies médiocres” en français), ce qui pourrait déboucher sur des suppressions d’emplois sans gains de productivité ? Ou va-t-on plutôt s’intéresser aux complémentarités et aux possibilités de collaboration pour envisager de nouvelles .

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