Accueil A la une Compétitivité économique en Afrique : L’exigence d’une revalorisation sérieuse du capital naturel

Compétitivité économique en Afrique : L’exigence d’une revalorisation sérieuse du capital naturel

Dans un contexte économique international marqué par un retour massif au protectionnisme, une réduction sensible de l’aide au développement et des services à la dette très coûteux, l’Afrique a besoin d’une revalorisation sérieuse de son capital naturel pour pouvoir assurer rapidement son propre envol. Une exigence qui repose sur une transformation  profonde de l’architecture financière internationale.

La Presse — Tout au long de ces deux derniers jours, Tunis s’est retrouvée, une nouvelle fois, le centre africain des affaires et de la finance, en abritant la nouvelle édition de la conférence internationale de « Financing Investment and Trade in Africa, Fita 2025 ».

Un rendez-vous qui se veut décisif, pour repenser l’enjeu de la compétitivité en Afrique et les exigences d’une transformation rapide de la carte géo-financière internationale.

Il est vrai que l’Afrique, pour longtemps oubliée et défavorisée par les institutions financières internationales, est déterminée aujourd’hui de prétendre à un partage équitable et surtout mérité des injections financières internationales. 

C’est ce qu’a affirmé d’ailleurs, Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement, lors des journées annuelles de l’institution. Pour lui, « l’Afrique a été pour longtemps mise à l’écart, il est temps donc de revoir cette architecture pour tenir compte de nos besoins réels » (voir La Presse du 12 avril 2025).

Cette remise en ordre est d’autant plus incontournable que le manque de liquidités au niveau du Continent pénalise profondément un potentiel naturel hautement important, ce qui laisse la voie largement ouverte à d’autres parties d’en tirer pleinement profit.

Aujourd’hui, un tel paradoxe n’est plus permis, car l’Afrique dispose du plein droit de réévaluer son capital naturel et transformer ainsi son paysage socioéconomique. Une démarche que la BAD juge, selon un rapport sur la compétitivité en Afrique, « essentielle pour attirer les investissements, renforcer la durabilité financière et ouvrir la voie à un développement inclusif et résilient ».

Repenser les obligations vertes mondiales

L’Afrique est capable justement de s’assurer rapidement un envol économique considérable pour peu qu’elle puisse verdir convenablement son potentiel.

Un enjeu difficile à relever à l’état actuel en raison de l’importance de l’écart entre le capital et les ressources monétaires. Selon le même rapport, « si le capital naturel de l’Afrique est estimé à plus de 6.200 de milliards de dollars, le continent capte moins de 1% uniquement des 2.200 milliards de dollars des obligations vertes mondiales ». 

L’institution bancaire estime ainsi qu’il est nécessaire aujourd’hui de revoir, en profondeur, le niveau « d’accès de l’Afrique au marché mondial des obligations vertes pour pouvoir mieux investir, notamment, dans les infrastructures écologiques résilientes et les technologies vertes ».

Une bonne évaluation du capital naturel de l’Afrique est d’autant plus importants qu’elle permettrait « d’améliorer sensiblement le profil de risque pays auprès des instances financières et autres agences de notation internationales, d’élargir la part du continent des crédits et d’alléger le coût de la dette extérieure ».

Toutefois, l’on estime que les pays africains sont appelés, eux-mêmes, à prendre toute la mesure de l’enjeu naturel et de l’intégrer dans toutes leurs stratégies économiques. Une telle mobilisation est d’autant plus importante qu’elle constituerait un argument d’influence supplémentaire auprès de la communauté internationale.

Mieux encore, cette prise de conscience de l’importance des richesses naturelles est désormais vitale pour la pérennité des économies africaines, surtout qu’elle intervient dans un contexte international marqué essentiellement par « un retour massif au protectionnisme, une réduction sensible de l’aide au développement et un service à la dette très coûteux ».

De ce fait, la rencontre de Tunis, Fita 2025, pourrait constituer un point de départ pour fixer les premiers contours de cette nouvelle architecture financière. Et l’Afrique est en mesure de relever un tel défi, surtout qu’elle allie le potentiel à l’expertise.

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