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Les défis de la qualité totale

Editorial La Presse

Les exportations, notamment celles de nos produits phares, continuent à bien se comporter sur les marchés extérieurs. C’est le cas, entre autres, de l’huile d’olive. Selon les dernières statistiques, 112,5 mille tonnes ont été exportées entre octobre 2024 et mars 2025, contre 62,2 mille durant la même période de l’année écoulée. Un bond record de plus de 85%. 

En temps normal, une telle performance aurait dû nous enchanter.  Ce n’est malheureusement pas le cas, car en termes de valeur, le résultat ne semble pas aussi impressionnant que le pensent certains. Les recettes, au premier trimestre 2025, se sont situées à 1,44 milliard de dinars seulement, contre 1,71 milliard à la même période de l’exercice écoulé. Il s’agit, de toute évidence, d’une contre-performance.

Certes, le marché international de l’huile d’olive se trouve depuis quelque temps sous pression, avec des baisses sensibles des prix mondiaux, mais on reconnaît, tout de même, que notre produit stratégique n’arrive toujours pas à passer à un palier supérieur au niveau de la qualité. L’huile d’olive tunisienne est restée, faute de planification et de prospective, enfermée dans un cercle d’autosuffisance qui s’avère, d’une année à l’autre, pénalisant.

Les analystes estiment, en effet, que cette autosuffisance cache, en réalité, des défaillances structurelles profondes, marquées, essentiellement, par une capacité nationale, notamment de transformation et de conditionnement, trop timide.

Les statistiques révèlent d’ailleurs que la part de l’huile conditionnée a reculé de 10,8% à 9,4%, alors que celle en vrac continue à dominer la quasi-totalité de nos exportations avec 90,6%. L’écart est donc trop important pour prétendre à des recettes consistantes. 

Et il faut reconnaître que cette question de la qualité ne se limite pas à l’huile d’olive, mais elle concerne, malheureusement, la majorité de nos produits stratégiques. On pense ainsi au tourisme qui, malgré les 10 millions de visiteurs, continue à être distancé, faute d’une offre diversifiée, attractive et innovante. Le même constat s’applique aux industries manufacturières qui, restées longtemps le fleuron de nos exportations, semblent, de plus en plus, essoufflées et surtout vulnérables, faute également de modernisation et d’un bon niveau d’intégration dans les chaînes de valeur internationales. Et loin de dramatiser, la liste, reste, bien entendu, longue.

La situation actuelle n’est pas encore dramatique, mais elle pourrait devenir à risque en l’absence, comme le recommandent, à chaque fois, nos premiers décideurs, de solutions urgentes, concrètes et radicales, surtout que nos concurrents directs sont en train de gagner rapidement du terrain à tous les niveaux.

Nos architectes économiques doivent jouer aujourd’hui la carte de la qualité totale à travers notamment la modernisation des processus de fabrication, l’amélioration du niveau de digitalisation et d’innovation, la labellisation ou encore la multiplication des chaînes de valeur.

Des orientations désormais incontournables, surtout que la volatilité des marchés internationaux, le retour en force au protectionnisme et les pressions des nouvelles politiques commerciales imposent à toutes les économies un niveau concurrentiel hautement élevé.

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