
Le mois d’avril 2025 a enregistré 422 mouvements de protestation, contre 217 en mars, soit une augmentation de 94 %, selon le rapport mensuel publié par l’Observatoire social tunisien (OST), relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
Les revendications professionnelles ont constitué la principale motivation de ces mobilisations, représentant 45 % du total. Elles ont porté essentiellement sur la régularisation des situations professionnelles, le droit à l’emploi, le paiement des salaires en retard, l’amélioration des conditions de travail, la lutte contre les licenciements abusifs, ainsi que l’application d’accords non exécutés. Parmi les dossiers récurrents figurent ceux des ouvriers des chantiers de plus de 45 ans, des enseignants suppléants et des agents d’associations travaillant auprès des personnes en situation de handicap.
Les mouvements civiques et politiques ont représenté 28,44 % des actions recensées. Une part importante est liée à l’affaire dite du « complot », autour de laquelle se sont organisées plusieurs manifestations dénonçant une procédure judiciaire jugée non conforme aux principes d’un procès équitable. L’arrestation de l’ancien magistrat et avocat Ahmed Souab a également suscité des protestations, tandis que des grèves de la faim ont été observées par les détenus concernés, en contestation des procédures de jugement à distance.
D’autres formes de mobilisation ont été relevées : la présidente du Parti Destourien Libre, Abir Moussi, a protesté contre l’interdiction de voir ses enfants à l’occasion de l’Aïd. Des actions ont également plaidé pour la dépénalisation de l’action civile, la libération de militants humanitaires, ainsi que le soutien au peuple palestinien face à l’offensive sur Gaza.
Les sit-in restent la forme de protestation la plus fréquente, représentant un tiers des actions. Suivent les grèves (54), les occupations de lieux (47), dont une menée par des pêcheurs, ainsi que 27 marches pacifiques, 24 journées de colère et 15 grèves de la faim.
Les principaux acteurs de ces mouvements sont les employés, travailleurs et syndicats, à l’origine de 157 mobilisations. Le personnel médical et paramédical s’est également fortement mobilisé, notamment les jeunes médecins, qui ont exigé de meilleures conditions économiques, un renforcement des structures de santé publique et un accès élargi aux équipements médicaux.
D’autres groupes ont pris part aux actions : 44 mobilisations ont été menées par des activistes des droits humains, 30 par des étudiants et 12 par des détenus. Des journalistes, avocats, chômeurs, pêcheurs, agriculteurs, chauffeurs de taxi ou de bus régionaux, commerçants, sportifs, ouvriers de chantiers, enseignants et professeurs suppléants ont également participé aux protestations.
Répartition géographique et cibles institutionnelles
Comme les mois précédents, Tunis arrive en tête avec 84 mobilisations, principalement dirigées vers la Présidence de la République. La région de Tozeur suit avec 40 actions, devant Sidi Bouzid (32), Kairouan (28), Manouba (26) et Gafsa (20). Toutes les régions ont été touchées par les mouvements, Mahdia enregistrant le nombre le plus faible avec 6 protestations.
Les protestations ont visé dans 28 % des cas la Présidence du gouvernement ou de la République. Le ministère de l’Éducation a été concerné par 15,64 % des actions, suivi du ministère de la Santé (13 %) et de celui de l’Agriculture (6 %). Environ 9 % des mobilisations ont ciblé des employeurs n’ayant pas respecté leurs engagements. D’autres actions ont été dirigées contre des autorités locales : municipalités, délégations régionales, hôpitaux, services judiciaires ou sécuritaires.