Accueil Société On nous écrit : Un musée des parfums à Midhat Essoltan

On nous écrit : Un musée des parfums à Midhat Essoltan

Par Aissa Baccouche

Des sultans, des rois, des émirs, des gouverneurs, des deys, des beys, des vizirs se sont relayés à La Kasbah, centre névralgique de la capitale, pour asseoir leur pouvoir, par essence, volatil.

Car s’il était éternel pour l’un, il ne pouvait guère échouer au suivant.

Dans cette galerie de monarques qui se sont succédé au sommet de cette berberie orientale, selon l’expression de Robert Brunschvig (1901-1990), j’avoue avoir une préférence pour celui qui a élevé Tunis au rang de capitale de cette Ifriqiya — j’ai nommé Abou Zakaria (1203-1249), fondateur de la dynastie hafside. Cet ancien gouverneur de Séville, pétri de bon goût et de bonnes manières, a eu l’idée flamboyante de créer au voisinage de la Grande mosquée Ezzitouna la galerie des parfumeurs — Souk El Attarine. En même temps il édifié à La Kasbah la 3e mosquée importante de la ville après celle d’El Ksar due aux khorassinides.

Plus tard, l’un de ses descendants, Abi Amr Othman (1418-1488), qui a régné pendant plus d’un demi-siècle, nous gratifia d’une salle monumentale des ablutions – Midhat Essoltane.

Après avoir initié en 1982 une fête de roses, j’entrepris de créer dans la ville des Roses, en coopération avec le musée international de Grasse-ville jumelée avec l’Ariana, un musée de parfums.

A mon corps dépendant, le projet n’a pas abouti. Mais il n’en démordrait pas. J’ai entrepris ainsi depuis quelques années une démarche visant à héberger cette fois-ci le musée dans la Midha abandonnée sur le flanc du souk des Parfumeurs mais qui garde de beaux atours.

J’en ai parlé à mon cher ami Si Abdelaziz Doulatli, l’apôtre du patrimoine tunisois et président en exercice de l’association « Sites et monuments » créée par notre guide bien-aimé Zakaria Ben Mustapha (1925-2019).

Il a fait, en ma présence, la proposition à Mme Raja Ben Slama, alors conservatrice de la Bibliothèque nationale, maîtresse de céans. La grande dame a tout de suite opiné du chef et du cœur. Elle a vite réclamé et obtenu un préfinancement du projet.

Maintenant qu’elle est revenue à ses chères études, il est à espérer que son successeur, un fin lettré, s’attellera à donner corps à cette envoûtante idée. Des effluves, embaumeraient l’espace sultanien dédié à l’origine à la purification des corps et à la quiétude de l’âme. L’on déclamera alors avec Charles Baudelaire (1821-1867) :

« Là tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté »

A.B.

 

N.B. : L’opinion émise dans cette tribune n’engage que son auteur. Elle est l’expression d’un point de vue personnel.
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