Accueil A la une Application de l’article 100 des réglements du football professionnel : Les clubs en danger

Application de l’article 100 des réglements du football professionnel : Les clubs en danger

Le Bureau fédéral est à la veille d’un été des plus difficiles avec la nécessité de trouver une solution-miracle pour plusieurs clubs mis en demeure de régler des dettes anciennes et colossales. 

La Presse — «Votez pour nous et vous n’aurez aucun regret car nous sommes venus avec un projet clair et nous avons des solutions toutes prêtes aux principaux  problèmes de notre football et de vrais remèdes à tous ses maux». C’est par un tel discours que Moez Nasri et son équipe ont réussi à obtenir la majorité des voix de ces clubs auxquels ils ont fait les yeux doux.

Quatre mois après leur victoire aux élections du 25 janvier 2025, Moez Nasri et ses partenaires du Bureau fédéral ont confirmé que ce discours  n’était que de la poudre aux yeux.  Entre les paroles et les actes, les promesses de campagne et la réalité du terrain, il y a un écart énorme. Parmi les problèmes les plus urgents à attaquer, les crises financières de la majorité des clubs.

Le nouveau Bureau fédéral s’est engagé à les résoudre. Non seulement, il n’est pas parvenu à le faire, mais il est responsable de l’avoir accentué.  Dans une note adressée à tous ceux qui détiennent des jugements irrévocables en leur faveur (clubs, joueurs, entraîneurs, agents de joueurs, intermédiaires,  avocats, etc. ) à la date du 31 mars 2025, il  a incité  les intéressés à formuler une réclamation auprès de l’organe de première instance de la FTF au plus tard le vendredi 30 mai pour forcer les clubs à s’acquitter de leurs dettes. 

La corde autour du cou  

Depuis que cette note a été adressée, plus d’une centaine de  réclamations datant de plusieurs années ont «envahi»  le Bureau d’ordre de la FTF. Une ruée vers l’or pour certains avocats, à titre d’exemple, qui ne vont pas rater une meilleure aubaine de continuer à s’enrichir aux dépens de clubs démunis auxquels on a mis la «corde autour du cou» pour les obliger à obtempérer. Et cette corde au cou, c’est l’article 100 des règlements du football professionnel. Avec des sanctions successives prononcées par la Commission fédérale du statut des joueurs à l’encontre des clubs fautifs de non-paiement de dettes.  

Ces sanctions vont, après des mises en demeure d’un mois, «d’un intérêt moratoire de 1% par mois au profit de l’intéressé jusqu’à parfait paiement», à «l’interdiction de recrutement et de transferts» pour les clubs (dans un premier temps). Pour les joueurs qui n’ont pas honoré leurs engagements, ils courent le risque d’«’interdiction de participer aux matches officiels et de transfert jusqu’au paiement».  Quant aux agents de joueurs, c’est «l’interdiction de procéder à tout acte de médiation»  Et enfin pour les entraîneurs, c’est «l’interdiction de participer aux matches officiels et de signer un nouveau contrat jusqu’à paiement». 

Mais si pour les joueurs, les intermédiaires et les entraîneurs, ces sanctions sont gérables,  pour les clubs, le pire les attend avec la menace de déduction de points « sur trois paliers successifs et cumulatifs de deux ( 02), quatre ( 04 ) et six (06 points) qui peuvent empiéter sur la saison qui suit» et la menace encore plus lourde de «rétrogradation à l’expiration d’un délai de grâce en cas toujours de non-paiement». 

Tout laisse penser qu’on va assister à un été des plus chauds avec cette épée de Damoclès qui sera brandie sur des dizaines de clubs qui, après avoir terminé la saison sur les rotules, seront devant l’incapacité d’exécuter  des jugements à la pelle, sortis brusquement des tiroirs où ils ont «moisi» durant plusieurs années. 

Comment va procéder le Bureau fédéral pour gérer cette crise sans précédent à l’horizon?  Surtout avec des clubs qui, au cas où les instructions de la Fifa et de la CAF seraient suivies à la lettre et mises à exécution après le sursis d’une année déjà écoulée, n’obtiendront pas de licences pour participer au championnat ?

Ce Bureau fédéral, qui peine et patine après quelques mois de pouvoir, a-t-il les moyens et l’autorité de convaincre ces deux instances du football pour solliciter un autre sursis? En tout état de cause, il n’a pas le choix tellement il est  devant l’obligation de trouver une solution pour sauver ces clubs en danger. Et comme le nombre de ces clubs en danger de survie est important, c’est tout notre football qui est concerné. 

Et la seule solution possible pour une fédération en panne de ressources financières et incapable de soutenir ses clubs en difficulté, c’est d’imposer des compromis et un échelonnement souple des dettes  arrêtées à l’amiable avec un délai de grâce qui s’étendra sur trois ou cinq ans selon l’importance du montant à honorer.  Et de veiller à trouver elle-même des fonds de soutien et de solidarité avec les clubs endettés et de prélever à la source le montant des dettes des droits TV ou des subventions annuelles provenant du fonds de solidarité pour les clubs amateurs. C’est la seule porte de sortie possible pour parer au danger et épurer ce lourd héritage de plusieurs années de laxisme dans l’exécution des décisions de la Commission fédérale des litiges nationaux.

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