
On ne cesse de nous rappeler que l’institution éducative doit se caractériser par son côté attractif et sa capacité à intégrer et à insérer l’élève ou l’étudiant dans son environnement. Non seulement l’environnement scolaire mais également socioéconomique et culturel.
La Presse — Le pari semble difficile à relever, paraît-il. Du moins pour nos institutions telles qu’on les voit aujourd’hui.
Mais, pour ce faire, l’école, elle-même, doit être acceptée par cet environnement. Sommes-nous dans cette situation ?
De l’avis du plus grand nombre d’observateurs ou de spécialistes, voire du simple citoyen, tel n’est pas le cas. Et pour cause. Tout montre que les choses vont à rebours.
Il n’est que de regarder l’état de nos établissements scolaires. Le manque, voire l’absence de maintenance et d’entretien ont transformé quelques-uns en l’ombre d’eux mêmes.
Ajoutons-y l’attitude des habitants bénéficiaires. Dans un grand nombre de nos quartiers, bien des écoles font l’objet de multiples agressions. L’entrée de ces établissements n’inspire aucune attractivité. Dès le premier abord, elle ressemble à un dépôt avec sa grande porte. Rien d’avenant ne s’en dégage pour un petit écolier qui entame un parcours de plusieurs années.
L’énumération des agressions ne s’arrête pas là. À l’entrée même de certaines de ces institutions, des municipalités mal inspirées ont jugé bon de placer… des conteneurs pour la collecte des ordures !
C’est vrai qu’en 2016, des travaux d’embellissement de la façade de certains établissements ont eu lieu; ce qui leur a donné un aspect plus accueillant.
On ne va pas parler des équipements et des différents outils nécessaires à l’opération d’apprentissage. Les autorités sont conscientes des insuffisances et des solutions à leur apporter.
Des statistiques qui parlent
Or, on considère qu’il y a un volet parmi les plus importants. C’est le volet ressources humaines. Et plus précisément l’aspect humain dans les relations entre les divers intervenants dans cet univers.
Pour tout dire, on ne cherche pas à réinventer de nouveaux rapports mais à s’en réapproprier les plus nobles.
Facile à dire qu’à faire lorsqu’on voit la tâche à laquelle doivent s’atteler les autorités et les citoyens. A travers les statistiques officielles, on peut comprendre pourquoi la gestion de nos institutions éducatives devient de plus en plus difficile.
Si on se limite, uniquement, à quelques indices, on s’aperçoit des disparités entre les besoins et la réalité.
Comment, en effet, parvenir à gérer un parc de plus de 6.000 institutions sans les ressources humaines nécessaires ?
Rien que pour l’enseignement de second degré de base et secondaire, le ministère de l’Éducation dispose d’au moins 1.470 collèges et lycées et d’environ 1 million de collégiens et de lycéens. Pour les entretenir et les gérer, le ministère ne peut offrir qu’un minimum de personnels. Pis encore, ces personnels diminuent au fil du temps alors que les effectifs des élèves augmentent.
Le personnel administratif ou encadreur n’est plus suffisant. Le nombre de surveillants généraux, par exemple, a diminué de 231 personnes entre 2019-2020 et 2023-2024. Alors qu’ils étaient au nombre de 2.161 en 2019-2020, ils sont passés à 1930 en 2023-2024.
Cette baisse a, également, touché les surveillants dont le nombre s’élevait à 10.065 pour passer à 9.916. De ce fait, le taux d’encadrement des élèves pour un surveillant est de 105.5 contre 93.1 il y a 3 ans.
Il en est de même pour le personnel administratif et ouvrier. Le premier est passé de 9.229 à 8.831. Quant au second, ils ne sont plus que 11.129 contre 12.369.
Toutes ces données soulignent la nécessaire disponibilité des différents personnels vis-à -vis des élèves et des parents. Ce qui n’est nullement le cas actuellement.
Il est évident qu’une opération de réajustement des effectifs s’impose.
Cycles de formation en faveur du personnel
Il y a cet aspect, très souvent passé sous silence. C’est celui des rapports entre les différents partenaires à l’intérieur de cet environnement. Car il n’y a pas que les agents administratifs, les surveillants, les chefs d’établissement ou les ouvriers. Il y a aussi la manière de communiquer entre eux sans qu’il y ait conflits ou frictions.
Généralement, les agents à l’intérieur des institutions ne sont pas tous enclins à établir des rapports parfaits avec les élèves ou leurs parents.
D’où l’apparition de tensions ou même des incidents plus ou moins graves.
Cela nous pousse à demander au ministère de l’éducation de dispenser des cycles de formation spéciale aux personnels devant être en contact permanent soit avec les élèves soit avec les parents et de manière plus globale avec un public extérieur. Il n’est pas donné à n’importe qui d’avoir un sens des rapports humains. Il y a tant d’autres détails à revoir, dont l’accueil des visiteurs, leur orientation à l’intérieur de l’établissement, la célérité pour rendre les prestations demandées, l’écoute attentive des parents et des élèves, etc.