
LE grand mérite que les Tunisiens doivent au Président Kaïs Saïed, au-delà du processus salvateur qu’il a conduit un certain dimanche 25 juillet 2021, réside bien dans sa capacité à intervenir, au moment opportun, dans le débat général. Et de le recentrer sur les véritables enjeux à gagner et les défis réels à remporter, afin que les pistes ne se brouillent pas et que les rôles des uns et des autres, en premier lieu au sein des sphères du pouvoir ou de celles soi-disant proches ne s’entremêlent, pour que les acquis réalisés après tant de sacrifices ne s’effacent ou ne paraissent insignifiants.
Avec l’adoption de l’amendement du Code du travail dans le sens de l’éradication, à jamais, du système de la sous-traitance et dans l’objectif de rendre à des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs leur droit absolu, le Chef de l’Etat a vu, encore une fois, juste et a choisi de parler aux Tunisiens le langage de la vérité, de la transparence et aussi de l’audace. Celle de reconnaître qu’on a réussi à franchir une étape, celle de rendre la sous-traitance illégale, illicite et passible de lourdes peines de prison pour les contrevenants. Il reste une autre étape encore plus importante et plus stratégique, si l’on ose s’exprimer ainsi. Celle de vaincre les réticences légendaires de l’administration et d’amener celles ou ceux qui y tiennent toujours le pouvoir de concrétiser les dispositions contenues dans les nouveaux articles du Code du travail.
La révision de ce même Code est historique comme l’ont écrit les sympathisants du 25-Juillet et également ceux de l’opposition qui ont encore la tête sur les épaules et savent toujours séparer le bon grain de l’ivraie.
Il demeure, cependant, impératif de gagner le pari de la révolution administrative après avoir relevé celui de la révolution législative et réussi à neutraliser les lobbies et les groupes de pression qui ont failli faire tomber, au palais du Bardo, le projet d’amendement. En s’appuyant sur de faux calculs dont les objectifs et les commanditaires n’échappent plus à personne, même parmi les députés dont certains ont paru mordre à l’hameçon et n’ont pas hésité à faire montre de leurs «réserves professionnelles».
Le Président de la République l’a clairement indiqué : «La révolution législative a démarré. Il faut s’en réjouir. Mais pour que les Tunisiens en sentent les effets, il est urgent que l’administration suive le courant et réalise sa révolution».