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Mes Humeurs : Mes arbres de printemps

La Presse Dans une série d’Humeurs, j’ai évoqué l’état de la ville de Tunis sous plusieurs de ses aspects, les rues, la verdure, les cinémas, les places, les bancs publics, les cimetières et d’autres lieux de mémoire. 

Le printemps se dirige lentement vers l’été, cette année, le temps avec les changements climatiques se montre fantaisiste, la météo fait des siennes, jouant au yoyo avec la pluie et le soleil, soit !

Il a plu abondamment cette année, les arbres, les arbustes, les vivaces, les plantes grasses, la nature s’est éveillée à la vie, il faut les regarder ou mieux les admirer en ces temps printaniers dans les parcs ou sur les trottoirs de Tunis ; malheureusement, il n’y a pas assez de verdure, il n’y en aura jamais assez. 

En cette saison, un arbre, plus ou moins abondant, exhibe ses beautés et ses couleurs dans les parcs et dans les rues : le jacaranda (mimosifolia), originaire d’Amérique du Sud. Il a été introduit, comme beaucoup d’autres essences, il y a plus de 150 ans et embellit jusqu’à nos jours la ville au printemps.

Au XIXe siècle, dans leur projet de colonisation, les Français ont instauré un plan d’urbanisation de la ville, parallèlement à l’ordonnancement du parc du Belvédère ( aménagé en 1892 par l’architecte-paysagiste Joseph Laforcade sur une colline d’oliveraie, ouvert au public en 1910), ils ont introduit plusieurs espèces d’essences pour doter d’ombres les grandes artères.  Des arbres venus de pays et de continents lointains se sont adaptés à l’époque et au climat méditerranéen, offrant, en plus de leur rôle environnemental, un paysage esthétique simple et pratique. Des eucalyptus, beaucoup de ficus et d’acacias, des gommiers, des mûriers qui ont poussé dans le parc et en ville. 

Les jacarandas que le piéton croise dans les grandes artères, de l’avenue de la Liberté à celle d’Alain Savary, de l’avenue de Paris à celle de Carthage, au quartier d’El Menzah 1, etc., sont hauts de près de 10 mètres. L’espèce plantée en Tunisie, qui garde heureusement toute sa vigueur, porte un beau nom inspirant qui renvoie à l’art de la peinture, le Flamboyant bleu ou même à un titre de roman (style XIXe siècle) ; ils fleurissent de mai à juillet et se parent de couleurs bleu-mauve. 

J’ai habité plus de 30 ans El Omrane (ex-Franceville), peu peuplé à l’époque, l’une de ses rues, près de l’école Bichara El Khouri, est plantée de jacarandas, je l’empruntais quotidiennement en m’y attardant au printemps. Le pavé, les trottoirs à cette période sont couverts d’un tapis de fleurs grasses, en forme de cloches exhalant un parfum subtil, la rue me semblait flottante et… il m’a fallu du temps pour calmer et digérer mes émotions nées de ces spectacles de couleurs vertes, des feuilles vigoureuses, du tapis irisé de bleu-mauve qui reflète, par l’effet de la lumière sur les murs des bâtiments, des teintes bleu-rosâtre.

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