
« Le Hamas n’a pas accepté la proposition de cessez-le-feu américaine pour la bande de Gaza », a déclaré lundi l’émissaire américain Steve Witkoff, contredisant ainsi un responsable palestinien proche du mouvement.
Ce dernier avait affirmé que le Hamas avait donné son accord à une initiative américaine prévoyant la libération de dix otages israéliens vivants, en deux groupes, en échange d’un cessez-le-feu de 70 jours et d’un retrait partiel des forces israéliennes de la bande de Gaza.
La proposition inclurait également la libération de plusieurs prisonniers palestiniens, « y compris des centaines purgeant de longues peines », selon la même source.
Steve Witkoff a toutefois affirmé à l’agence Reuters que les termes évoqués par le responsable palestinien ne correspondent en rien à ceux de l’accord présenté par les États-Unis. Il a qualifié ces déclarations de « totalement inacceptables ».
Un responsable israélien, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a lui aussi rejeté la proposition, estimant qu’aucun gouvernement responsable ne pourrait l’accepter. Il a également démenti que le contenu de l’accord corresponde à celui évoqué par Witkoff.
Parallèlement, les frappes israéliennes se sont poursuivies lundi sur la bande de Gaza, faisant au moins 45 morts, selon les autorités sanitaires locales.
Dans la ville de Gaza, une frappe aérienne a tué 30 Palestiniens, dont des femmes et des enfants déplacés qui avaient trouvé refuge dans une école. Des images largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent des corps gravement brûlés extraits des décombres.
L’armée israélienne a confirmé avoir visé l’école, affirmant – sans en fournir de preuve – que le bâtiment était utilisé par des membres du Hamas et du Djihad islamique pour organiser des attaques.
Une autre frappe, cette fois sur une maison à Jabaliya, près de Gaza, a fait au moins 15 morts supplémentaires, selon des sources médicales.
Pressions et critiques internationales
Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé sur la chaîne WDR qu’il s’entretiendrait cette semaine avec Benjamin Netanyahu pour lui demander « de ne pas aller trop loin ». Il a toutefois précisé que, pour des « raisons historiques », l’Allemagne restait plus mesurée dans ses critiques que d’autres pays européens.
« Cibler à ce point la population civile, comme c’est de plus en plus le cas ces derniers jours, ne peut plus être justifié par la seule lutte contre le terrorisme du Hamas », a-t-il déclaré.
Depuis le début du mois de mai, Israël a intensifié ses bombardements et ses opérations terrestres à Gaza. Malgré un blocus de près de trois mois, les autorités israéliennes ont autorisé la semaine dernière l’entrée d’une aide humanitaire très limitée. Les quelques centaines de camions admis ne couvrent qu’une infime partie des besoins des deux millions d’habitants de l’enclave.
Démission au sein de la Fondation humanitaire pour Gaza
Jake Wood, directeur exécutif depuis deux mois de la Fondation humanitaire pour Gaza – une initiative soutenue par les États-Unis – a annoncé sa démission dimanche. Il a estimé que l’organisation ne pouvait pas respecter les « principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance ».
Cette démission met en lumière les tensions entourant la fondation, boycottée par les Nations unies et les ONG actives à Gaza avant l’imposition du blocus total par les forces israéliennes en mars.
Les humanitaires craignent que le nouveau mécanisme viole le principe fondamental d’une supervision neutre de l’aide.
Israël, qui a lancé un projet similaire en début d’année, assure qu’il ne participera pas directement à la distribution, tout en approuvant le plan et en garantissant sa sécurité.
Contrôle et technologies de surveillance
La Fondation humanitaire pour Gaza prévoit de faire appel à des sous-traitants privés opérant dans le cadre d’un « vaste dispositif de sécurité israélien », selon Reuters. Les livraisons devaient commencer lundi, avec pour objectif de venir en aide à un million de Palestiniens d’ici la fin de la semaine.
Selon les responsables de l’aide, l’opération reposera sur quatre grands centres de distribution situés dans le sud de la bande de Gaza. Ces centres pourraient recourir à la reconnaissance faciale ou à des technologies biométriques pour vérifier que les familles bénéficiaires n’ont aucun lien avec le Hamas.
De nombreux détails restent flous quant au fonctionnement exact de ce dispositif, et il demeure incertain si les ONG ayant refusé de collaborer avec la fondation seront autorisées à continuer d’acheminer de l’aide.
Benjamin Netanyahu a réaffirmé la semaine dernière que son gouvernement entendait maintenir un contrôle total sur l’ensemble de l’enclave palestinienne.