Accueil A la une Vers une Banque de l’économie sociale et solidaire : la Tunisie prépare son cadre juridique

Vers une Banque de l’économie sociale et solidaire : la Tunisie prépare son cadre juridique

Le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, a annoncé lundi à Tunis que le gouvernement travaille actuellement à l’élaboration du cadre juridique et opérationnel pour la création de la Banque de l’économie sociale et solidaire.
Intervenant lors du Forum de l’économie sociale et solidaire, organisé dans le cadre de l’initiative « JEUN’ESS », financée par l’Union européenne et l’Organisation internationale du travail (OIT), le ministre a précisé que la création de cette banque s’inscrit dans le cadre de la loi n°30 de l’année 2020 relative à l’économie sociale et solidaire.
Il a souligné que la pérennité de ce modèle économique repose sur un financement adapté, assuré par des institutions et des lignes de crédit spécifiquement dédiées à ce type d’économie.
Le ministre n’a pas précisé de date de lancement pour la Banque de l’économie sociale et solidaire, ajoutant que les travaux se poursuivent parallèlement sur l’élaboration des textes réglementaires liés à la loi n°30 de 2020 ainsi qu’aux autres projets connexes.
Issam Lahmar a tenu à rappeler que l’économie sociale et solidaire ne se substitue ni à l’initiative privée, ni au secteur public, mais qu’elle représente une initiative collective centrée sur l’humain.
Il a également affirmé que ce modèle économique est en phase avec la conception tunisienne de la justice sociale, telle qu’inscrite dans la Constitution de juillet 2022, la loi n°30 de 2020, ainsi que la loi sur les sociétés communautaires. Il s’agit d’un modèle combinant création de richesse et utilité sociale, ayant pour finalité une redistribution équitable des richesses, dans le respect des principes de justice sociale.
Par ailleurs, le ministre a indiqué que le directeur général de l’OIT a récemment proposé l’élaboration d’un nouveau contrat social, repensant la relation entre économie et société. Cette approche, qui sera présentée en juin prochain, mettra l’accent sur le lien entre travail, droits et croissance, avec l’économie sociale et solidaire comme pilier central.
Issam Lahmar est également revenu sur les expériences historiques de la Tunisie dans ce domaine, comme celles des coopératives agricoles (1964-1969), les compagnies d’assurance mutuelle et le fonds d’assurance mutuelle agricole mis en place en 2005. Il a estimé que ces expériences, bien que réussies, doivent être aujourd’hui encadrées légalement pour assurer leur durabilité.
De son côté, Kofi Agossou, directeur régional pour l’Afrique de l’OIT, a salué les résultats du projet « JEUN’ESS » en Tunisie, qui a permis à de nombreux jeunes, issus de différentes régions, de concrétiser leurs idées en projets réels.
Après avoir visité le salon dédié à l’initiative, il a mis en lumière des projets innovants dans des secteurs clés pour l’économie tunisienne et africaine, comme la valorisation des déchets et des sols, les nouvelles technologies, ou encore des projets agricoles portés par des femmes.
Il a réaffirmé que la justice sociale constitue une condition essentielle pour la paix et le développement social, ajoutant que l’économie sociale et solidaire a permis de réduire les inégalités, d’intégrer les populations vulnérables et de faire entrer les travailleurs du secteur informel dans l’économie réelle.
Toutefois, il a souligné que le principal défi reste l’accès au financement, tout en saluant l’engagement croissant de certaines banques tunisiennes dans une approche participative de soutien à ce modèle économique.
L’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, a quant à lui qualifié les résultats du projet « JEUN’ESS » d’impressionnants. Il a indiqué que de nombreux jeunes Tunisiens, en majorité des femmes, ont pu transformer leurs rêves en projets concrets.
Lancé en 2021 avec un financement de 8 millions d’euros (environ 26,4 millions de dinars), le projet a permis la création de 170 projets dans divers domaines, répartis sur six gouvernorats : Kébili, Le Kef, Tunis, Gabès, Kairouan et Kasserine.
Plus de 3 600 emplois directs ont été créés, dont la moitié occupés par des femmes. L’ambassadeur a annoncé la prolongation du projet pour six mois supplémentaires, tout en affirmant que l’Union européenne travaille actuellement avec la Tunisie à l’élaboration d’autres projets similaires, à travers des approches innovantes.

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