Accueil Economie Entre changements climatiques et déficit hydrique : L’avenir de l’agriculture passe par la durabilité

Entre changements climatiques et déficit hydrique : L’avenir de l’agriculture passe par la durabilité

Accélérer la conversion vers une agriculture durable apparaît aujourd’hui comme une urgence, dans un contexte marqué par l’épuisement des ressources hydriques et naturelles, et par l’aggravation des effets du changement climatique. Des bouleversements aux lourdes conséquences sur un secteur agricole de plus en plus délaissé par les financeurs. Consciente de ces enjeux, l’Apia a décidé d’en faire un cap stratégique.

La Presse — L’Agence de promotion des investissements agricoles (Apia), en tant qu’instrument de l’Etat contribuant à la mise en œuvre des politiques agricoles, met le curseur sur l’investissement agricole durable. Un cap stratégique assumé dans un contexte où l’agriculture est de plus en plus perçue comme une activité à haut risque. C’est ce qu’a souligné, en somme, Rim Haddaoui, ingénieure générale à l’Apia, dans une déclaration accordée à La Presse, en marge d’une journée de sensibilisation tenue récemment, à Tunis, sur l’importance de l’agriculture durable. 

L’agriculture durable n’est plus un choix !

Selon elle, cette nouvelle orientation s’est imposée naturellement, à mesure que le secteur agricole se fragilise sous l’effet de facteurs environnementaux croissants : changement climatique, hausse des températures, propagation d’espèces invasives… 

« Nous incitons les agriculteurs à adopter des moyens de production qui préservent les ressources hydriques et les sols. Nous les encourageons également à diversifier leurs cultures, non seulement pour des raisons environnementales— préserver les écosystèmes et le biotope — mais aussi pour améliorer la rentabilité de leurs exploitations », a-t-elle précisé. 

Pour Haddaoui, la transition vers une agriculture durable n’est plus un choix, mais un impératif face à des défis environnementaux et climatiques de plus en plus pressants. Elle a noté, en ce sens, que les jeunes agri-preneurs semblent conscients de ces enjeux et manifestent une appétence croissante pour des projets durables. De plus en plus de jeunes promoteurs recourent aux nouvelles technologies pour gérer leurs exploitations et c’est tout bénéfice parce qu’elles servent à mieux maîtriser les ressources disponibles.

«Il s’agit d’investir dans des solutions peu coûteuses mais à fort impact, car elles permettent d’améliorer les rendements tout en maîtrisant les ressources disponibles», affirme-t-elle. L’ingénieure a insisté, par ailleurs, sur la nécessité d’instaurer un modèle de bonnes pratiques agricoles, visant à la fois la réduction des coûts de production et la préservation des ressources naturelles.

Un accompagnement ciblé 

Haddaoui a ajouté que l’Apia attache une grande importance aux projets innovants portés par les jeunes. L’agence leur propose un accompagnement sur mesure, depuis la phase d’idéation jusqu’à l’exploitation et la commercialisation, des étapes critiques pour la viabilité des projets mais souvent négligées.  Elle a expliqué qu’aujourd’hui l’implication des banques dans cette dynamique est nécessaire estimant qu’elles ont un rôle clé à jouer en proposant des modèles de financement adaptés, capables de répondre aux nouveaux besoins des agriculteurs tout en couvrant les risques accrus de l’activité agricole. «L’Apia travaille actuellement à la mise en place de nouveaux mécanismes incitatifs pour aider les agriculteurs à atténuer les effets de ces défis émergents », a-t-elle souligné. Des investissements stables, mais variables selon les filières

Interrogée sur l’évolution des investissements agricoles, Haddaoui a précisé que la tendance générale est à la stabilité, bien que les dynamiques varient selon les filières. Ainsi, les investissements dans l’aquaculture ont enregistré une hausse significative (+52 %) au premier trimestre. « Cette progression était attendue, car nous avons fait de l’aquaculture un axe stratégique afin de préserver les stocks halieutiques, en baisse depuis quelque temps », explique-t-elle.

Parmi les filières les plus dynamiques, figure également l’oléiculture, qui connaît une forte progression, ce qui, selon elle, va dans le bon sens, l’olivier étant une espèce résistante au stress hydrique. Les projets de valorisation des produits agricoles attirent également un intérêt croissant. En revanche, les investissements dans la production irriguée ont enregistré un léger repli, un comportement jugé logique au vu du déficit hydrique que traverse le pays. 

Et de conclure : «Cette baisse ne doit pas être perçue comme un point négatif. Au contraire, c’est un avantage, car nous sommes en train d’orienter les agriculteurs vers des activités qui ne sont pas hydrovores. Parfois, une valeur négative peut être un indicateur de performance».

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