Express

Taux de croissance de 1,6 % au premier trimestre 2025
Un début encourageant, mais encore en deçà des ambitions

Le taux de croissance de la Tunisie a atteint 1,6 % au premier trimestre 2025, un chiffre que le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, a qualifié de « positif mais insuffisant » pour espérer atteindre l’objectif annuel de 3,2 % fixé par le gouvernement.

S’exprimant devant les députés lors d’une séance plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le ministre a souligné la nécessité d’accélérer le rythme de croissance au cours des prochains trimestres. Selon lui, la performance du début d’année repose essentiellement sur la dynamique de la demande intérieure et une progression de l’épargne, deux indicateurs jugés encourageants.

Abdelhafidh a également évoqué l’importance du facteur confiance dans les transactions économiques, notamment en lien avec l’application de la nouvelle loi sur les chèques, qui, selon lui, nécessite une phase d’adaptation. Enfin, il a rappelé que les données publiées par l’Institut national de la statistique (INS) sont élaborées par des experts reconnus, soulignant ainsi leur fiabilité dans l’évaluation de la conjoncture économique.

Investissement public dans l’éducation
Un frein direct au développement

La baisse continue de l’investissement public dans l’éducation en Tunisie n’est pas seulement un symptôme d’austérité budgétaire, mais un frein direct à la croissance économique à long terme. Selon Ali Kordi, représentant de l’Observatoire tunisien de l’économie, la part du budget général de l’Etat dédiée à l’éducation est passée de 15,9% en 2010 à 10,2 % en 2024, un recul significatif qui reflète un désengagement progressif de l’Etat dans un secteur pourtant stratégique.

Dans une intervention sur une chaîne de radio privée, Kordi a alerté sur les conséquences économiques de cette tendance : la dégradation des infrastructures scolaires, la pénurie d’équipements et l’inégalité d’accès aux services de base dans les établissements nuisent à la formation du capital humain et creusent les inégalités régionales.

Avec 85 % du budget du ministère de l’Education alloué aux salaires, les dépenses d’investissement ne représentent que 8%, limitant fortement les capacités de modernisation du système éducatif. Résultat: 128 écoles primaires ne disposent pas d’installations sanitaires et 10 % n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Seules 30 % sont connectées au réseau d’assainissement, un déficit particulièrement marqué dans le centre-ouest du pays.

Dans un contexte de transition économique, ce sous-investissement structurel dans l’éducation compromet la compétitivité future du pays et freine la montée en compétences de sa jeunesse. Ali Kordi appelle ainsi à réorienter les priorités budgétaires pour faire de l’éducation un levier de développement durable et non une variable d’ajustement.

«KPIT» s’implante à Sfax
Investissement technologique en marche

L’arrivée de «Kpit Technologies», une entreprise indienne spécialisée dans les logiciels pour l’industrie automobile, marque une nouvelle étape dans la diversification de l’économie tunisienne. En inaugurant un centre d’ingénierie logicielle à Sfax, Kpit mise sur les compétences tunisiennes en ingénierie et technologies de l’information pour développer des solutions innovantes dans les systèmes de propulsion, la mobilité électrique et les réseaux intelligents.

Ce projet est salué comme un catalyseur potentiel pour renforcer l’écosystème technologique tunisien, créer des emplois qualifiés et favoriser l’intégration du pays dans les chaînes de valeur mondiales de la tech. Il s’inscrit également dans la stratégie tunisienne de promotion de l’industrie 4.0 et de la transition vers une économie plus numérique et durable.

Le centre Kpit se concentrera sur le développement de logiciels embarqués, les véhicules électriques, la conduite assistée et l’intelligence artificielle appliquée à la mobilité.

Au-delà de la création directe de plusieurs centaines d’emplois qualifiés, ce projet stimulera l’écosystème numérique local en favorisant les collaborations avec les universités et centres de recherche. Il contribuera également à la diversification économique du pays, historiquement axée sur l’agriculture, le tourisme et les services, vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée. L’implantation de Kpit à Sfax offre à la Tunisie une opportunité de renforcer ses exportations de services numériques et d’attirer d’autres investisseurs internationaux. 

Charger plus d'articles
Charger plus par Saoussen BOULEKBACHE
Charger plus dans Economie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *