Accueil Culture Chroniques de la Byrsa : L’enchantement et le chagrin

Chroniques de la Byrsa : L’enchantement et le chagrin

La Presse Du temps où j’étais par monts et par vaux à travers le pays pour en explorer les moindres recoins au profit de mes lecteurs sur les colonnes de La Presse sous l’intitulé « Vadrouille », je faisais des découvertes plus étonnantes, plus ravissantes les unes que les autres. J’étais alors pris de forts sentiments contradictoires : l’excitation que provoquait l’idée de partage du trésor et l’appréhension que cette opération pourrait susciter un engouement excessif générateur de nuisances. Ainsi, par exemple, en est-il de ce coin de paradis appelé Sidi Médiène, sur le flanc sud-ouest du Mont Zaghouan, entre le chef-lieu et la localité d’el-Fahs.

Après plusieurs années d’absence, j’y suis retourné dimanche dernier avec un couple ami.  La saison, il faut le dire, après les abondantes précipitations qui ont cette année arrosé pratiquement tout le pays et pour parler comme le font les journalistes à court d’imagination, a paré ce paysage de ses plus beaux atours. J’étais, ainsi que mes amis qui s’y rendaient pour la première fois, sous l’effet  de l’enchantement, comme lors de la toute première visite. De la verdure plein la vue, jusqu’à l’ivresse. Dans les frondaisons, parmi les replis du relief, la blancheur de quelques maisons d’hôtes fait l’effet d’œufs de Pâques (c’est la saison qui veut ça !), délicatement entreposés à l’attention des gourmands de nature et de campagne. Bons points, tant j’avais plaidé pour l’insertion de l’endroit dans un circuit touristique écologique et culturel. Et l’hébergement de type rural est un constituant de base du produit.

Et puis, nous voici arrivés à hauteur du plan d’eau d’un barrage collinaire qui vous propulse d’un coup en Suisse, pour reprendre la métaphore de mes amis, un couple mixte tuniso-français. Je n’étais pas peu fier de partager leur ravissement. Et pour cause : non seulement le tableau était pittoresque, de surcroît des plaisanciers s’y adonnaient au kayak, ce que j’avais préconisé à chaque fois que je m’étais rendu sur pareils sites.  Alors comblé, le Vadrouilleur ? Pas tout à fait, pour ne pas dire dépité, si ce n’est plus : en colère ! Oui. Le regard reporté de la surface lisse du lac vers le sol sous ses pieds lui a fait découvrir l’ampleur d’une nuisance qu’il redoutait par-dessus tout : la pollution au plastique sous ses aspects les plus hideux. Et pas rien qu’un peu ! Dernier déchet laissé sur place par une jeune maman qui venait de quitter l’endroit : la couche de son bébé qu’elle venait de changer…

Ceux qui exploitent le site directement ou indirectement, propriétaires de maisons d’hôtes ou opérateurs de toute sorte ainsi que toutes les autorités concernées, régionales ou nationales, devraient sans tarder entreprendre de concert une action d’envergure de sensibilisations des visiteurs aux dimensions écologiques de l’endroit et à la nécessité de les préserver. Cela devra prendre la forme de panneaux explicatifs mais aussi de campagnes régulières de ramassage des détritus. C’est vital pour le site mais aussi pour le commerce, car qui voudrait se rendre sur un site devenu un véritable dépotoir. Un de plus.

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