
La dynamique du changement semble irréversible : la Tunisie est à l’aube d’un nouveau tournant marqué principalement par la souveraineté et l’ancrage de la justice sociale.
La Presse — Depuis qu’il tient les rênes du pays, le Chef de l’État, Kaïs Saïed, a adopté une approche de gouvernance marquée par une défiance, somme toute logique envers les partis politiques au pouvoir et par une volonté affichée de répondre aux doléances du peuple. Récemment, cette orientation s’est illustrée en particulier par une révolution sociale et législative, ponctuées de visites inopinées sur le terrain, une série de réunions tenues avec les ministres et de jeunes citoyens en vue de les impliquer dans la prise de décision, les sensibiliser et les inciter à assumer leurs responsabilités. Rencontrer deux jeunes citoyens dans un cadre présidentiel n’est pas du tout anodin. Ce geste s’inscrit dans la continuité d’un discours récurrent chez Kaïs Saïed, consistant à redonner la parole au peuple, particulièrement aux jeunes, le plus souvent laissés en marge de la vie politique. C’est que la guerre de libération nationale passe inéluctablement par les jeunes.
Ces rencontres dénotent une transformation en profondeur du système de gouvernance en Tunisie depuis l’indépendance, ce qui met en valeur l’importance du rôle des jeunes, longtemps mis à l’écart en raison de mécanismes surannés de représentation. Elles traduisent aussi et surtout un nouveau projet qui consiste à promouvoir une démocratie plus directe, dans laquelle les citoyens ordinaires sont appelés à jouer un rôle actif dans la décision publique, loin des politiques élitistes ou de façade qui manquent de proximité et de volonté d’inclusion.
Ainsi, le Président de la République continue de convoquer les ministres pour des réunions axées sur la nécessité de concrétiser la justice sociale par le biais de réformes législatives, comme en témoigne l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple de la nouvelle loi portant sur les contrats de travail et l’interdiction de la sous-traitance. Cela a mis définitivement fin au travail précaire. Sans oublier aussi la création d’un fonds d’assurance contre la perte d’emploi pour accompagner les travailleurs licenciés pour des raisons économiques, ce qui constitue un nouveau jalon sur la voie de l’instauration d’un socle national de protection sociale.
La récente rencontre du Chef de l’État avec des jeunes au Palais de Carthage ne fait que refléter l’image d’un président proche du peuple, à l’écoute de ses doléances, affichant la ferme volonté de persévérer dans le chemin de l’édification de l’État social, la lutte contre la marginalisation de ces jeunes et contre les inégalités dans les régions. Il ne s’agit pas là d’une politique populiste, mais d’une démarche profondément enracinée dans la volonté de rapprocher le pouvoir du peuple et qui renoue avec les attentes des citoyens.
Mais la résistance au changement actuel dans le pays, en dépit du fait qu’elle est perçue comme un fait naturel, s’est transformée en tentatives d’infiltration et de mainmise sur les institutions clés du pays menée par les sbires de ceux qui ont, une décennie durant, mené le pays à la banqueroute. En mars dernier, le Président de la République, Kaïs Saïed, les a pointés du doigt en déclarant, lors de la réunion du Conseil national de sécurité, que «des bandes criminelles opèrent dans de nombreux services publics à travers des agents à leur solde». Il a souligné par la même occasion que «les lobbies de la corruption et leurs agents ont détourné leur attention vers La Kasbah, qu’ils veulent transformer en fief».
Face aux viles machinations des anciens réseaux de pouvoir, le chantier reste colossal et la sécurité doit constituer une priorité absolue pour mieux protéger le pays contre les diverses formes et tentatives d’infiltration et d’ingérence visant à saboter, de l’intérieur, le processus du changement enclenché le 25 juillet 2021. N’en déplaise aux détracteurs, et fort heureusement, la dynamique du changement semble irréversible: la Tunisie est à l’aube d’un nouveau tournant marqué principalement par la souveraineté et l’ancrage de la justice sociale.