
La croissance économique nationale, tout comme celle de tous les pays, a été revue à la baisse en raison de la complexité de la conjoncture internationale et des fortes perturbations qui marquent le marché mondial. Mais il ne faut pas trop tomber dans le pessimisme, car l’économie tunisienne dispose d’assez d’arguments pour s’en sortir.
La Presse — Le deuxième rapport annuel du FMI sur les « perspectives de la croissance mondiale », PEM, n’est pas pour rassurer. En effet, si les projections de janvier ont tablé sur une progression de la croissance mondiale d’environ 2,8 %, en raison notamment de « l’assouplissement des différentes politiques monétaires, l’évolution de la résilience de l’économie mondiale et la reprise cyclique dans la zone euro et en Chine », la deuxième publication semble remettre tout en cause.
Une tendance que confirment d’ailleurs l’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) et la Banque mondiale.
Il est vrai justement que les nouvelles dispositions commerciales américaines et les programmes « agressifs » retenus ont contraint le marché économique mondial à la prudence, et par conséquent à une révision à la baisse de la croissance.
Le rapport précise, à ce stade, que « les tensions géopolitiques croissantes et le désordre politique devraient freiner les volumes commerciaux et la production transfrontalière, en particulier dans les pays qui reposent sur des stratégies de croissance axées sur les exportations. Les indicateurs économiques avancés dans les pays asiatiques fortement dépendants du commerce, baromètre de l’activité commerciale mondiale, se sont, déjà, fortement détériorés ».
Prendre soin de nos exportations
Les changements des tendances commerciales devraient se traduire, systématiquement, par de nouvelles exigences financières, plus strictes et plus complexes, bien entendu.
En parallèle, selon le rapport, l’incertitude au niveau des politiques commerciales constituerait un frein sérieux aux investissements, ce qui aurait, bien évidemment, un impact direct aussi bien sur la production que la consommation, deux éléments clés de la croissance économique.
Et c’est donc tout à fait normal que l’économie tunisienne soit impactée. Le FMI prévoit ainsi une croissance de 1,4 % pour 2025 et 2026, alors que les projections de janvier tablaient sur une moyenne qui pourrait atteindre les 1,9 %. Et la baisse risque d’être beaucoup plus sensible, selon d’autres sources.
Le rapport « Tunisia Country Risk », publié tout récemment par « Fitch Solutions Group » (FSG), parle d’une croissance de 1 % pour 2025.
Cette revue à la baisse pourrait être justifiée par le ralentissement des exportations, notamment de certains produits phares, entre autres l’huile d’olive et le textile-habillement, notamment vers la zone euro, notre principal partenaire commercial.
Reste que l’effet de ce ralentissement des exportations pourrait être minimisé, car la baisse prévue des importations de pétrole, tout comme la réduction du prix du baril sur le marché international, permettront, à la fois, de compenser le manque à gagner au niveau de l’export et de réduire, par conséquent, le déficit courant.
Sans parler de l’appréciation progressive du dinar sur le marché mondial qui aiderait beaucoup à l’allégement de la pression sur le budget de l’Etat.
Dynamisation de l’investissement
En plus de la question des nouvelles exigences commerciales internationales, le recul de l’investissement aurait, de son côté, un impact sérieux sur ce mouvement baissier de la croissance de l’économie tunisienne.
Toutefois, l’on estime que le problème de l’investissement n’est pas seulement conjoncturel, mais aussi et surtout structurel.
En effet, cette dynamo de toute croissance économique n’arrive toujours pas à décoller. Les dernières statistiques des structures spécialisées confirment nettement les difficultés de l’investissement.
Selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Cnuced, le taux d’investissement tunisien, aussi bien public que privé, a nettement diminué durant la période 2020-2024, pour se situer aux alentours de 16 % du PIB alors qu’il était de plus de 19 % en 2016.
A ce propos, les analystes estiment que la situation financière complexe de notre pays, le blocage financier international et le manque de visibilité internationale ont constitué des restrictions sérieuses à la relance de l’investissement.
Reste que malgré ce diagnostic peu enchantant, on est convaincu que les possibilités de redressement sont réelles. Il ne faut pas oublier que, depuis quelque temps, l’Etat n’a cessé de multiplier les dispositions pour aider ce secteur stratégique à retrouver, rapidement, son dynamisme.
Actions inévitables
On parle ainsi du lancement d’une plateforme nationale pour le développement de l’investissement avec le souci de créer tout un système intégré, moderne et performant, ou encore du lancement de toute une stratégie nationale pour la promotion des investissements, notamment au profit des PME, et qui mise, essentiellement, sur l’assouplissement du cadre administratif et réglementaire, l’amélioration de la gouvernance et la consolidation des incitations financières et fiscales.
On parle aussi du projet d’élaboration d’une loi transversale, comme cela a été prévu par la loi de finances 2025, pour maximiser les investissements et surtout les valoriser.
En somme, l’on estime qu’indépendamment de la complexité de la conjoncture actuelle et les fortes turbulences qui secouent sérieusement le marché international, l’économie tunisienne dispose toujours d’assez d’arguments pour s’en sortir. Il suffit seulement de bien savoir capitaliser ces arguments.