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Prolifération du cash
Le phénomène inquiète les spécialistes

La Tunisie fait face à une montée préoccupante de la circulation d’espèces, alerte l’économiste et ancien ministre Mohssen Hassan. Invité par une radio privée, il a exprimé son inquiétude face à l’expansion du volume de billets et pièces en circulation, qu’il considère comme un symptôme d’un déséquilibre profond dans l’économie nationale.

D’après lui, cette situation découle d’un recul des moyens de paiement formels, notamment les chèques, mais aussi d’une préférence persistante pour le liquide, particulièrement marquée durant certaines périodes comme les fêtes religieuses, la saison des examens et l’été.

Ce phénomène ne serait pas sans conséquence : il alimente le secteur informel, réduit la base fiscale, complique la régulation économique et pèse lourdement sur les ressources de l’Etat.

« Le développement du marché parallèle fragilise les équilibres macroéconomiques et nuit à l’investissement », a-t-il prévenu.

Pour remédier à cette dérive, Mohssen Hassan appelle à des réformes urgentes : accélérer la digitalisation des paiements, encourager l’usage de cartes bancaires à débit différé, et renforcer l’inclusion financière, alors qu’une part importante de la population reste hors du système bancaire.

Il suggère également l’instauration d’un plafond légal pour les paiements en espèces dans les transactions commerciales, insistant sur la nécessité d’un cadre réglementaire plus strict.

Selon lui, restaurer la confiance dans les circuits financiers formels constitue un impératif stratégique pour remettre l’économie tunisienne sur les rails de la stabilité et de la croissance.

Économie parallèle
Le combat sans relâche

Face à l’ampleur de l’économie informelle et à ses répercussions sur les finances publiques, la Tunisie intensifie ses efforts en 2025 pour renforcer la lutte contre l’évasion fiscale. L’enjeu est de taille : selon les dernières données de l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites), les pertes fiscales annuelles liées à l’informalité dépassent 5,45 milliards de dinars.

Le secteur informel mobilise près de 26,8 % de la population active, soit environ 917.000 personnes, échappant largement à toute contribution fiscale. Cette situation fragilise les équilibres budgétaires, creuse les inégalités et limite les capacités d’investissement public.

Le ministère des Finances multiplie les contrôles et les réformes. Dans le secteur de la restauration, des écarts de plusieurs dizaines de millions de dinars ont été constatés entre les chiffres d’affaires déclarés et les recettes réelles, notamment à Tunis. Le e-commerce est également sous surveillance : avec un chiffre d’affaires estimé à 2,4 milliards de dinars, il a permis d’identifier plus de 35.000 contribuables non déclarés.

Pour remédier à cette situation, l’État mise sur la digitalisation du système fiscal, le renforcement des contrôles et la sensibilisation des contribuables. Des sanctions sont aussi prévues : les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de déclaration s’exposent désormais à une amende de 60 dinars par infraction.

Au-delà des chiffres, les autorités affirment leur volonté de bâtir une culture de la transparence et de la justice fiscale. La lutte contre l’évasion fiscale est désormais considérée comme une priorité nationale, au service de la relance économique et de la cohésion sociale.

L’Afrique face au piège de la dette
Afreximbank tire la sonnette d’alarme 

Dans son dernier rapport, Afreximbank alerte sur la concentration préoccupante de la dette extérieure en Afrique. En 2025, six pays seulement — l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigeria, le Maroc, l’Angola et le Mozambique — totalisent à eux seuls 50 % de l’encours extérieur du continent, estimé à 1.160 milliards de dollars. Cette situation illustre non seulement la dépendance croissante de certaines grandes économies à l’endettement externe, mais pose aussi la question de la soutenabilité de ce modèle de financement.

Le rapport souligne que cette dynamique est alimentée par des chocs successifs, tels que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, mais aussi par la hausse des taux d’intérêt mondiaux, qui renchérit le coût du service de la dette. Bien qu’une baisse de 13 % du service de la dette extérieure soit attendue en 2025, pour atteindre 88,7 milliards de dollars, la pression reste forte sur les budgets publics, notamment en Afrique subsaharienne, où les intérêts absorbent en moyenne 3,4 % du PIB.

Ces charges financières élevées limitent les marges de manœuvre des Etats pour investir dans les infrastructures, la santé ou l’éducation, autant de secteurs cruciaux pour répondre aux aspirations démographiques et économiques du continent.

Afreximbank plaide ainsi pour des stratégies de financement plus durables, fondées sur une meilleure gestion de la dette, des restructurations ciblées et le renforcement de la mobilisation des ressources internes.

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