
Environ trois quarts des entreprises allouent un budget inférieur à 5 % aux initiatives environnementales, selon une enquête réalisée dans le cadre de la 7e édition du Baromètre de la santé des PME en Tunisie, MIQYES 2025 : Focus sur le développement durable, présentée mardi à Tunis.
MIQYES est une enquête nationale basée sur les déclarations des entreprises tunisiennes, mettant particulièrement l’accent sur leur engagement environnemental et leur transition vers des pratiques durables.
Menée du 15 janvier au 20 avril 2025 par la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’enquête a ciblé 233 entreprises engagées sur les plans environnemental et social.
Parmi elles, 50,6 % opèrent dans l’industrie, 34,8 % dans les services, et 14,6 % dans d’autres secteurs (commerce et agriculture). L’âge moyen des entreprises est de 21 ans, avec un âge médian légèrement inférieur, à 14 ans, selon les initiateurs du baromètre.
L’enquête révèle que 63 % des entreprises n’utilisent pas de référentiel de mesure reconnu pour évaluer leur impact social ou environnemental. Seules 14 % le font, selon l’économiste Abdelkader Boudriga, qui a présenté les résultats.
Ce sont principalement les entreprises de moins de 10 ans et de plus de 20 ans qui utilisent un référentiel reconnu. En outre, 42,9 % des entreprises ne communiquent pas sur leurs performances en matière de durabilité, freinant ainsi la transparence, l’amélioration continue et la reconnaissance externe des efforts engagés.
Concernant le financement des initiatives environnementales et sociales, plus de la moitié des entreprises (52,36 %) y ont consacré leurs fonds propres, contre 12,45 % via des dons, 11,59 % via des aides et subventions gouvernementales, 6,01 % par crédits bancaires, et seulement 4,72 % via le private equity.
Certaines pratiques durables sont plus répandues que d’autres. Les plus courantes concernent la gestion des déchets (tri, recyclage) et la sensibilisation des employés. 20 % des entreprises déclarent avoir réalisé un bilan carbone.
Sur le plan des émissions de gaz à effet de serre (GES) : 115 entreprises génèrent des émissions industrielles directes, 80 par le transport, 54 par la consommation d’électricité (émissions indirectes), 42 par la production de chaleur et 25 par les déchets.
En revanche, peu d’entreprises mesurent réellement leur empreinte carbone, mettent en place des initiatives d’écoconception, ou utilisent des énergies renouvelables (seulement 7,6 % y recourent de manière significative).
Les entreprises ayant réalisé un bilan carbone sont majoritairement issues de l’industrie, implantées depuis plus de 20 ans, et situées notamment dans le Grand Tunis. En parallèle, 30 % n’utilisent aucun indicateur environnemental.
Cela traduit un engagement encore sectorisé, souvent motivé par les obligations réglementaires, selon Boudriga. Les initiatives de réduction de l’empreinte carbone concernent principalement le secteur industriel (indice de 0,55) et les régions Nord, Centre-Ouest et Nord-Est (indice de 0,7).
Pour le niveau d’engagement en matière de décarbonation augmente avec l’indice des attentes des clients : il est très faible en l’absence d’attentes (score de -0,04) et atteint un maximum de 0,89 lorsque quatre attentes sont exprimées.
Le nombre d’initiatives est également corrélé à l’intensité des contraintes réglementaires et au budget alloué : plus ce dernier est élevé, plus l’engagement environnemental progresse.