
Bien que la Tunisie ne soit pas encore considérée comme un pays « vieux », elle se prépare progressivement à affronter une nouvelle réalité démographique.
La Presse — Les premiers résultats du recensement démographique récemment dévoilés par l’Institut national de la statistique (INS) révèlent l’émergence de plusieurs tendances liées à des phénomènes socio-économiques. Parmi les plus marquantes figure le vieillissement de la population, un défi de taille pour toute société appelée à le vivre.
Selon les données de l’INS, la part des personnes âgées de plus de 60 ans a augmenté de 5 points en seulement dix ans, atteignant aujourd’hui 17 %. Cette évolution résulte d’un effet de structure, amplifié par le rétrécissement de la base de la pyramide des âges : les enfants de moins de 5 ans ne représentent plus que 5,9 % de la population, contre 19 % il y a 60 ans.
Le vieillissement, un frein à la croissance
Si les spécialistes soulignent que la Tunisie n’est pas encore une société vieillissante — puisque les personnes en âge d’activité (15-59 ans) représentent encore plus de 60 % de la population —, la tendance est bel et bien amorcée. Dans ce contexte, le vieillissement apparaît comme une mutation inévitable aux conséquences profondes, tant sur le plan économique que social. Il s’agit d’une transition qui modifie en profondeur la structure par âge de la société et engendre des effets directs sur l’économie.
En effet, le vieillissement est souvent perçu comme un frein à la croissance : il s’accompagne d’une baisse de la population active, d’une diminution de l’épargne nationale, et d’une augmentation des dépenses dites « improductives », notamment celles liées à la santé et aux retraites. C’est pourquoi ce phénomène est généralement vu comme une menace potentielle pour les finances publiques.
Parmi les défis majeurs qu’il pose, figure en premier lieu le financement des retraites. Le système tunisien de répartition, fondé sur la solidarité intergénérationnelle, risque de se fragiliser face au déséquilibre croissant entre actifs cotisants et retraités bénéficiaires. Le système de santé, quant à lui, sera mis à rude épreuve avec l’augmentation attendue des maladies chroniques et dégénératives. L’adaptation de l’offre médicale, des infrastructures et des compétences devient ainsi un impératif.
Un véritable écosystème
Cependant, le vieillissement ne doit pas être vu uniquement comme une charge. Il représente également une opportunité économique à travers le développement de la « silver economy ». Ce secteur en plein essor regroupe l’ensemble des produits et services destinés à améliorer la qualité de vie des personnes âgées, à préserver leur autonomie et à prolonger leur espérance de vie dans de bonnes conditions.
Autour de ces enjeux, un véritable écosystème peut se structurer : entreprises, start-up, dispositifs d’accompagnement et de financement peuvent se développer pour proposer des solutions adaptées aux besoins des seniors. Par ailleurs, les retraités constituent un vivier de compétences précieuses. Forts d’une riche expérience professionnelle, ils peuvent continuer à contribuer activement à la société, notamment en transmettant leur savoir aux jeunes générations dans le monde de l’entreprise.