
Le développement de l’agriculture en Tunisie en 2025 est l’une des priorités majeures pour le gouvernement, avec pour objectifs principaux de soutenir les agriculteurs et investisseurs du secteur, régler les dettes des agriculteurs, atteindre la sécurité alimentaire, et renforcer les investissements agricoles.
La Presse —Bien que ces défis subsistent, l’accent est mis sur la modernisation, l’adoption de mesures incitatives et l’optimisation des rendements qui offrent des perspectives prometteuses pour la croissance du secteur et sa contribution à l’économie nationale.
Le dossier des agriculteurs et des éleveurs, relatif aux dettes, a été examiné récemment, dans le but de trouver des solutions adéquates aux soucis de cette catégorie.
Des solutions à l’étude
Plusieurs propositions ont été étudiées pour apporter des solutions aux problèmes rencontrés par les professionnels du secteur auprès des banques spécialisées dans le financement des agriculteurs. Ces problèmes concernent entre autres l’octroi de prêts incitatifs, ainsi que l’indemnisation des agriculteurs affectés par les pertes occasionnées par les perturbations climatiques.
La Tunisie s’active aujourd’hui pour gagner le pari de l’autosuffisance alimentaire, s’orienter vers l’exportation, à travers l’exploitation optimale des terres agricoles, alléger les contraintes financières et moderniser un secteur stratégique pour la souveraineté alimentaire du pays.
Un cadre financier plus viable
Un accent majeur est mis sur ce secteur stratégique qui traverse une période de forte pression financière, affectant de nombreux exploitants incapables de faire face à leurs créances. Face à cette réalité, une proposition de loi a été déposée le 29 mai 2025 par des députés à l’Assemblée des représentants du peuple. Son objectif ? Faciliter le règlement des dettes agricoles et offrir aux agriculteurs un cadre financier plus viable pour poursuivre leurs activités.
Rappelons que les dettes agricoles s’accumulent en Tunisie depuis des années, entraînant des difficultés majeures pour les exploitants. Les changements climatiques, les fluctuations des prix des matières premières, ainsi que le coût élevé des intrants agricoles ont contribué à fragiliser les producteurs, en particulier ceux des régions du Sahel, du Centre-Ouest et du Nord-Ouest. Face à ces défis, la proposition de loi cherche à rééquilibrer les finances des agriculteurs en leur permettant de restructurer leurs créances bancaires. Ce texte s’adresse principalement aux exploitants dont les dettes sont classées en catégorie 4 ou plus par la Banque centrale de Tunisie, soit des créances compromises qui nécessitent un plan de redressement adapté.
Mesures clés
La proposition de loi vise avant tout à « faciliter le remboursement des dettes agricoles sans nuire aux agriculteurs ni fragiliser les institutions financières». Pour y parvenir, plusieurs mesures essentielles ont été prévues. De prime abord, «le principal de la dette pourra être restructuré sur une période maximale de sept ans, permettant aux exploitants d’échelonner leurs paiements sans subir une pression excessive qui mettrait en péril leurs activités». Ensuite, une période de grâce d’un an, non renouvelable, leur offrira le temps nécessaire pour stabiliser leurs revenus avant de reprendre les remboursements.
Par ailleurs, la loi prévoit l’annulation des pénalités de retard, «une disposition qui allégera considérablement le montant total dû et évitera aux agriculteurs de tomber dans une spirale d’endettement incontrôlée». De même, les intérêts contractuels seront plafonnés à 20 % de leur valeur initiale, une mesure qui vise à réduire le fardeau financier à long terme et à permettre aux exploitants de retrouver une marge de manœuvre pour réinvestir dans leurs activités. Grâce à ces ajustements, «un bon nombre d’agriculteurs sortira de l’impasse financière et consacrera leurs efforts au développement et à la modernisation de leurs exploitations, assurant ainsi la pérennité du secteur agricole tunisien».
Impact majeur
Si cette loi est adoptée, elle pourrait avoir un impact majeur sur le secteur agricole dans sa globalité, en offrant aux exploitants des solutions financières adaptées à leurs difficultés. «Elle leur permettrait d’éviter la faillite, de préserver leurs exploitations et de poursuivre leurs activités sans le poids écrasant des dettes».
De plus, en facilitant l’accès à de nouveaux financements, les agriculteurs pourraient moderniser leurs équipements, améliorer leur productivité et investir dans des cultures plus rentables et innovantes, renforçant ainsi leur compétitivité face aux importations et aux évolutions du marché régional et international. Toutefois, certains experts alertent sur les risques d’abus et soulignent l’importance d’une mise en œuvre rigoureuse, garantissant que seuls les exploitants réellement en difficulté puissent bénéficier de ces mesures.
Par ailleurs, les experts appellent les institutions financières à adapter leurs pratiques pour concilier soutien au secteur agricole et maintien de leur solidité économique, afin de préserver l’équilibre entre aide aux producteurs et stabilité bancaire. Cette transition nécessitera donc une approche contrôlée et bien encadrée, afin que ses effets soient durables et bénéfiques pour l’ensemble du secteur.
En somme, cette proposition de loi se veut une avancée significative pour l’agriculture tunisienne.
En effet, le gouvernement est appelé à garantir une mise en application efficace, tout en prévoyant des mécanismes de contrôle et de suivi. Par ailleurs, plusieurs acteurs du secteur appellent à des mesures complémentaires, comme l’accès facilité aux crédits à taux réduit pour les nouveaux investissements agricoles.